Attentats à Bruxelles: “La menace a objectivement baissé, mais…”

Deux ans après les attentats de Bruxelles, la menace terroriste a objectivement baissé, mais il convient évidemment de rester très attentif, notamment aux “phénomènes connexes”, souligne le procureur fédéral Frédéric Van Leeuw.

Le 22 mars 2016, la chasse à l’homme en cours depuis quatre mois pour arrêter Salah Abdeslam venait de prendre fin et la menace terroriste était dès lors à son paroxysme. Deux ans plus tard, elle a sensiblement baissé. L’Organe de coordination pour l’analyse de la menace a ainsi ramené son niveau à 2 (sur une échelle de 4) pour la plupart du territoire en janvier dernier. Cette décision a été prise sur base de critères objectifs, et “on le sent également au nombre de dossiers terrorisme entrants qui diminue”, souligne M. Van Leeuw.

Les “returnees”, soit les djihadistes de retour d’Irak et de Syrie, ont pendant longtemps cristallisé les craintes au sein des services des forces de l’ordre et de la justice. Cependant, la plupart ont décidé de combattre sur place “jusqu’à leur dernier souffle”, explique le procureur.

“La problématique est moins aiguë qu’on aurait pu le craindre. La frontière syrienne est beaucoup moins poreuse depuis quelque temps, il est donc plus difficile de partir mais aussi de revenir. Certains vont réussir à rentrer, mais pas tous avec un projet d’attentat. Il faut aussi être attentif aux éventuels changements d’alliance sur place qui pourraient ouvrir des couloirs permettant aux combattants de se déplacer et de frapper à nouveau.”

“Ne pas oublier la lutte contre les organisations criminelles”

En mars 2016, le terrorisme représentait une part énorme du travail des polices judiciaires. Cette part a désormais nettement baissé, ce qui présente plusieurs avantages, selon M. Van Leeuw. D’une part, “les infractions terroristes étant très spécifiques et parfois difficiles à prouver, il faut pouvoir être attentif aux phénomènes connexes comme les faux papiers, les achats de chargeurs,… Si on a trop le nez sur le terrorisme, on risque de rater des informations importantes”.

D’un autre côté, “il ne faut pas oublier la lutte contre les organisations criminelles, qui font des victimes quotidiennement et jouent, dans la durée, un rôle déstabilisateur de la société”, souligne le magistrat fédéral.

Pour mener à bien ces missions, le parquet a principalement besoin que les cadres des polices judiciaires soient remplis comme l’a recommandé la commission d’enquête parlementaire sur les attentats, rappelle M. Van Leeuw. Si la menace a bien baissé, réduisant ainsi l’extrême tension qui a durant un temps régné au sein du parquet fédéral, celui-ci doit désormais amener les centaines de dossiers qui ont été ouverts devant le tribunal. “Un autre type de pression, mais cela requiert énormément de travail”, conclut le procureur.

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