Alexia Bertrand sur le prix de l’énergie : “On n’est pas en train de protéger ceux qui en ont besoin”
La cheffe de groupe du mouvement réformateur au Parlement bruxellois, Alexia Bertrand, revient sur le grand débat actuel concernant le prix de l’énergie. Elle présente les propositions de l’opposition.
Actuellement, il n’y a plus que deux fournisseurs d’énergie à Bruxelles, ce qui ne permet pas un grand choix d’offres. Ainsi, les Bruxellois payent plus cher. La cheffe de groupe MR précise qu’en moyenne un Bruxellois “paye sa facture 220 euros de plus qu’en Wallonie et 330 euros de plus qu’en Flandre“. De son point de vue, l’une des solutions pour payer moins cher, c’est de recréer d’urgence une concurrence sur le marché de l’énergie à Bruxelles.
Le deuxième problème, c’est que de nombreux foyers sont précarisés et ont des problèmes pour payer leurs factures d’énergie (gaz et électricité). Pour Alexia Bertrand, il faut absolument revoir cette ordonnance énergie, car elle est trop stricte et “favorise les mauvais payeurs plutôt que de protéger les clients précarisés“.
En effet, pour le moment, lorsqu’on veut prouver qu’on a des difficultés à payer ses factures, il faut passer devant un juge de paix. Une procédure parfois longue et coûteuse. La parlementaire précise qu’on “estime à Bruxelles qu’il y a environ 75.000 ménages qui sont des ménages précarisés. C’est approximativement 25% des ménages bruxellois. Or, ceux qui bénéficient du statut client protéger, c’est seulement 2.600 ménages à Bruxelles, c’est-à-dire 0,4% des ménages. Donc on n’est pas en train de protéger vraiment ceux qui en ont besoin et en revanche, on les pénalise, parce que ces procédures font qu’ils commencent souvent avec une dette parfois d’au moins 200 euros et ils terminent après un an ou deux ans avec une dette qui a décuplé, qui peut s’élever à 2.000 euros“.
Les propositions avancées
Concernant ces longues procédures qui endettent encore plus les clients précarisés, Alexia Bertrand propose des solutions préventives et non-curatives. “Ce que nous on propose, c’est qu’il y ait une automatisation pour les clients protégés et qu’on soit plus préventif que curatif. ” Plus précisément, il faudrait anticiper les difficultés de paiement. En partant du CPAS, dès qu’il y a des critères qui correspondent à un statut précaire, il faudrait faire basculer ces personnes sous statut protéger. En effet, pour le moment, les gens non bénéficiant de ce statut, mais en précarités, attendent de s’endetter pour agir. Et c’est un cercle vicieux pour la cheffe de groupe, puisque de passer devant un juge de paix augmente les dettes.
Mais, Alexia Bertrand précise qu’il faut faire la différence entre un mauvais payeur et un payeur précarisé. “On ne va pas précariser ceux qui sont en situation de précarité. Mais le mauvais payeur effectivement, il faut qu’il y ait conciliation et qu’on puisse le couper”.
Et du côté des fournisseurs, ces dettes ont également un impact sur eux, car ils sont difficilement remboursés et doivent payer. “Le coût évalué par une étude de Sibelga, c’est 40 millions d’euros, comme coût sociétal, dont 29 millions d’euros sont payés par les fournisseurs. C’est un coût qui ne sert à personne“.
► Retrouvez l’intégralité de l’interview d’Alexia Bertrand
■ Camille Paillaud / Interview réalisée par Fabrice Grosfilley