À Forest, ouverture du premier centre d’hébergement pour jeunes MENA en errance: “On essaie de leur offrir un peu de répit”
Un lieu ouvert 24h/24 pour offrir répit et accompagnement aux MENA, mineurs étrangers non accompagnés, souvent en transit à travers l’Europe.
C’est une première en Région bruxelloise : à Forest, un centre d’hébergement a ouvert ses portes pour accueillir les jeunes MENA en errance. Ici, tous sont mineurs, étrangers, et beaucoup d’entre eux sont en transit à travers l’Europe, sans véritable chute. Ici, le public est bien particulier : “Ce sont des jeunes qui n’ont pas déposé de demande d’asile, qui n’ont aucun statut légal”, explique Magali Pratte, directrice opérationnelle adjointe du Samusocial.
Majoritairement originaires du Maghreb, ces jeunes rêvent d’un avenir meilleur en Europe et après une traversée par l’Espagne, se retrouvent à errer de pays en pays, à la recherche d’opportunités. “Ce sont des jeunes en hyper-mobilité, toujours en mouvement, à la recherche d’une piste d’avenir”. En raison de l’absence d’un statut légal, il leur est difficile de trouver un emploi ou un logement, et ils se retrouvent rapidement dans la précarité. “Ils font souvent des séjours en rue très longs avec tout ce que peut entraîner un séjour en rue : violences, addictions, exploitations…”, souligne Magali Pratte.
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S’il est difficile de savoir exactement combien ils sont sur le territoire, on estime qu’à Bruxelles, ils seraient une centaine. “Tant qu’ils sont mineurs, on ne peut pas les renvoyer chez eux, et ils doivent être pris en charge par Fedasil, mais une fois majeurs, ils ont un risque de recevoir un ordre de quitter le territoire.”
“La première chose qu’on fait, c’est leur foutre la paix”
Ces derniers mois, une analyse a été menée par le Samusocial ainsi que les différents acteurs de terrain pour comprendre les besoins spécifiques de ce public, et tenter, du mieux possible, d’y répondre. C’est ainsi que le centre de Forest, qui se veut petit et à taille humaine a ouvert ses portes. Celui-ci se veut avant tout être un lieu de repos. “Quand ils arrivent, ils sont épuisés. La première chose qu’on fait, c’est leur foutre la paix”, précise la directrice opérationnelle adjointe du Samu social.
Loin d’une approche administrative ou institutionnelle, l’équipe privilégie un environnement chaleureux : petites chambres, jardin. “C’est important que lorsque le jeune arrive, ils se disent ‘ok je me sens chez moi’, car c’est un sentiment qu’ils n’ont pas eu depuis longtemps”. Actuellement, huit jeunes y séjournent, mais l’établissement peut accueillir jusqu’à douze personnes dont deux en urgence. La durée du séjour quant à elle, peut aller jusqu’à six mois. “On essaye de prioriser les plus jeunes, qui sont les plus vulnérables”.
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Le centre mise sur l’ordinaire pour créer du lien. À travers des repas, inspirés de leur pays d’origine, d’activités sportives ou culturelles, les jeunes peuvent retrouver un “semblant de vie normale”. En parallèle, ils reçoivent un accompagnement psycho-médico-social pour comprendre leur parcours et voir les options qui s’offrent à eux. Beaucoup d’écoute, peu de promesses. “On est conscients du manque de perspective et de la situation dans laquelle ils se trouvent. Il n’est pas question de leur faire miroiter un avenir qui n’existe peut-être pas”.
Les jeunes n’arrivent pas seuls au centre, mais sont souvent orientés par les maraudes, les équipes mobiles de rue ou les services de prévention des communes. Tous ne restent pas, mais tous repartent avec, peut-être, un peu de répit.
E.D – Photo : D.R Samu social





