4% des rues sont baptisées avec un nom de femme en Région bruxelloise
4 stations de métro, 4% des rues bruxelloises, souvent des parcs ou des impasses, telle est la représentation des femmes dans l’espace public. C’est le constat de l’étude “Les femmes dans les noms de rues bruxelloises. Topographie d’une minorisation” de Brussels Studies.
Avec son collège, Nouria Ouali, chargée de cours en philosophie et sciences sociales à l’ULB, a réalisé un travail exhaustif sur le nom des espaces publics de la région. Noms de rues, de boulevards, de places, squares, impasses ou tunnels, tout a été scruté. La moitié des rues seulement est baptisée avec des noms ou groupes d’individus sexués comme les Ursulines. Et dans ces 50%, 4,2% sont des femmes contre 46,3% pour des hommes.
Quand on regarde de plus près, les femmes donnent souvent leur nom à des axes secondaires. Et ce sont les princesses et les reines qui sont représentées. “A Ixelles, on a ajouté le nom de Marie Curie que récemment, explique Nouria Ouali. On voit que les élues ont envie que cela change mais cela reste compliqué. Changer le nom d’une rue est un processus complexe et on voit encore des réticences également. Les dirigeants ont tendance à prendre des hommes illustres.”
Quand il a fallu choisir des noms pour les nouvelles voiries de Tour&Taxis, une place des Grands Hommes a été élue et 2 voiries secondaires porteront des noms de femmes.
►Le tunnel Léopold II change de nom et devient le tunnel Annie Cordy
Le changement de nom du tunnel Léopold II s’inscrit dans cette démarche. Pour Nouria Ouali, ce choix de la part de la population n’est pas étonnant car Annie Cordy était une artiste connue de tous qui venait aussi d’un milieu populaire.
La chercheuse espère que le décalage se résorbera au fil de temps mais pour cela, il faudra une vraie impulsion politique, un peu comme celle de la maire de Paris, Anne Hidalgo, qui souhaite que 60% des nouveaux noms soient ceux d’une femme.
■ Interview de Nouria Ouali, chargée de cours en philosophie et sciences sociales à l’ULB par Vanessa Lhuillier