Prix de l’énergie : la Belgique veut avant tout mettre la pression pour des mesures européennes
Une réunion entre les 27 États européens est prévue le 9 septembre pour discuter de mesures à mener au sein de l’Union Européenne pour limiter les effets de l’inflation des prix de l’électricité et du gaz.
Le comité de concertation prévu ce mercredi après-midi est très attendu, tant par les citoyens que par les entreprises. Mais il semble que les espoirs émis lors de l’annonce de ce Codeco, ce week-end, ont rapidement déchanté vu les propos de certains politiques. En effet, au fil des jours, les déclarations vont dans le sens d’une ambition moindre par rapport aux attentes de grandes décisions pour faire baisser les factures d’énergie. La N-VA a déjà annoncé que ses représentants seront présents « par politesse » et que la Flandre en fait déjà assez par rapport aux autres Régions. Et entre partis, ça ne va pas mieux, notamment entre Ecolo, PS et MR qui bataillent autour de la prolongation du nucléaire et des taxes sur les surprofits.
Le cabinet du Premier tempère également l’espoir de grandes annonces au bout de la réunion entre fédéral et entités fédérées, ce mercredi après-midi. Des prolongations du tarif social, de baisses d’impôt et de mesures de soutien seront principalement à l’ordre du jour, ainsi que des propositions autour d’une baisse globale de la consommation d’énergie. On planche notamment au niveau bruxellois sur une diminution de l’éclairage public en soirée, une interdiction des enseignes lumineuses la nuit et un moratoire sur l’installation de nouveaux panneaux publicitaires lumineux sur le territoire de la capitale.
Découpler
L’objectif du gouvernement fédéral est en fait ailleurs : l’objectif à terme est de plafonner les prix du gaz et de l’électricité. Mais cela ne peut se faire qu’en Belgique, il faut un accord européen. En effet, l le marché de l’électricité est quasiment uni au niveau de l’Union Européenne. Les 27 membres souhaitent donc s’entendre pour faire face à une inflation qui touche tout le monde.
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Ursula Von der Leyen, présidente de la Commission européenne, a déjà confirmé la nécessité d’une « réforme structurelle du marché de l’électricité ». Une piste majeure est évoquée : le découplage du prix de l’électricité. Donc que le prix de l’électricité ne soit pas basé sur la dernière technologie nécessaire pour assurer la demande d’électricité des opérateurs. Cette technologie, pour l’instant, reste le gaz, dont les prix ont le plus augmenté ces derniers mois suite à la guerre en Ukraine. L’objectif est donc de réformer ce marché pour que le prix de l’électricité ne soit pas couplé à celui du gaz.
La Belgique pousse pour une telle réforme, par les voix du Premier ministre Alexander De Croo (Open VLD) et de la ministre de l’Énergie Tinne Van der Straeten (Groen). Si un accord est trouvé, cela permettrait de diminuer de plusieurs centaines d’euros la facture d’électricité d’ici à la fin de l’année. Mais encore faut-il que les 27 s’entendent.
Et le gaz ?
Le point critique concerne le prix du gaz. C’est une autre proposition qui émane de la Belgique : fixer un prix maximum pour les importations de gaz et ainsi limiter la hausse actuelle. En pratique, cela signifierait soumettre les exportateurs de gaz à un prix maximum, un prix suffisamment haut pour qu’ils continuent les livraisons. Donc, on ne reviendrait pas aux prix d’avant mais la hausse serait limitée par rapport à l’inflation actuelle.
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Se passer de gaz, par contre, cela ne semble pas possible. De nombreux experts confirment la nécessité d’avoir des centrales thermiques dont on peut moduler la production, en plus des centrales nucléaires et des énergies renouvelables actuelles. Et ces centrales thermiques, dans tous les pays européens, sont majoritairement au gaz. Donc, il faut trouver des pistes pour limiter les prix du gaz. Il reste désormais à savoir si la Belgique se fera entendre lors de cette grande réunion européenne de crise.
Grégory Ienco – Photo : Belga/Pool Nicolas Maeterlinck