Première édition du gala Comic Room : “Le public a joué le jeu”
C’était une première édition plutôt réussie pour les deux stand-upper belges Souf et Khalid DJB. On était au petit théâtre Mercelis, aux premières loges du Gala du Comic Room. Et vous savez quoi ? On vous emmène avec nous pour vous faire revivre la soirée.
Leur intention était de “se mettre en avant, et mettre en avant les talents bruxellois et belges, jeunes et moins jeunes”. Le line-up se voulait éclectique, un mélange de talents de la scène francophone, émergents ou plus installés. Parmi les humoristes, il y avait Kaoutar Berne, Ahmed Boudrouz, Fabio Allibrio, Maff Derulo, Sofiane Ettai.
Entre deux performances, on en a profité pour aller à leur rencontre. Ils nous ont parlé de leurs parcours, de comment ils construisaient leurs blagues… De fil en aiguille, on a pu aussi philosopher avec eux, échanger sur les avantages et les inconvénients d’être humoristes belges aujourd’hui dans le monde du stand-up.
Dans les coulisses, on trompe le trac : l’ambiance est conviviale, le rire au centre des échanges.
La plupart d’entre eux nous ont confiés ne pas encore vivre de la scène, mais remarquent l’évolution du stand-up en Belgique ces dernières années. C’est pour les encourager, et refléter cette diversité culturelle et artistique que Khaled DJB et Souf ont imaginé l’évènement.
Kaoutar, un voyage introspectif dans la vie d’une femme, HPI, et mère célibataire d’aujourd’hui
“Ca ne sert à rien de stresser” avant de monter sur scène, nous dit-elle, pragmatique, car c’est “quand tu arrives sur scène que tu sens comment ça se passe”. Pour Kaoutar Berne, tout est parti de “scènes ouvertes”. Elle “a écrit un sketch”, puis un autre, et s’est construit un réseau au gré de ses rencontres. On l’associe souvent à sa parodie des “reines du shopping” où elle dénonce les diktats de la beauté sur un ton railleur et ironique. Dans son spectacle, “il y a à la fois beaucoup de légèreté et de la profondeur”, puisqu’elle aborde des thématiques qui la passionne tels que la psychologie, les troubles HPI, les gens “hautement psychotiques” qui ont une vie de merde et qui vont voir des videmerdistes (des psychologues, extrait de sa prestation sur scène lors du gala NDLR)”. Elle s’inspire aussi de sa vie de femme et de mère célibataire. Pour sa prestation, elle nous a proposé un florilège de ses meilleures vannes, et cela a fait mouche. Retrouvez-la au Kings of Comedy Club le 25 mars prochain pour son spectacle PSYKOSE.
“J’ai une sale gueule… et alors ?” : Ahmed ou le pouvoir de l’auto-dérision
Ahmed Boudrouz est peut-être le plus expérimenté des artistes présents au gala. Il a “joué partout” : en prison, devant des personnes âgées, dans les cafés théâtre parisiens, en France, en Belgique, et même en Afrique du Nord. Son envie de faire de l’humour ne s’est précisée que vers le début des années 2000. Son créneau, c’est l’autodérision, axé sur son physique. Son nouveau spectacle s’appelle “J’ai une sale gueule…et alors ?” où il parle des “avantages et des inconvénients d’avoir une gueule comme (la sienne)” : c’est un spectacle qu’il rôde au fil de l’eau, et chacune des représentations offre son lot de surprises. On le retrouvera sur scène au festival Namur is a Joke, le 26 mars, et à la Courte Échelle à Liège, le 20 octobre.
Fabio le “Bruxellois dans l’âme” nous propose une représentation “à l’italienne”
Son spectacle s’appelle à l’italienne dans lequel il se moque des clichés sur les italiens immigrés en Belgique. Cela ne veut pas dire que ça ne parle que des Italiens, bien au contraire, nous prévient-il : il se base surtout sur son parcours de vie.
Il renchérit : “Mon spectacle transpire Bruxelles”. Et pour cause, sur scène, il nous parle des quartiers dans lesquels il a vécu. Il savait qu’il voulait faire de la scène, mais s’est rapidement rendu compte qu’il “était plus dans le drôle que dans le dramatique”.
Dans son premier spectacle “À l’italienne”, il souhaite nous proposer une expérience familiale, comme dans “un dîner de famille” où l’on se vannerait entre cousins. Comme Ahmed, il a un squelette pour son spectacle, mais l’adapte à son public. Il débute par deux trois vannes test pour juger de la température, et en tire la direction qu’il va prendre. Si vous voulez voir son spectacle en intégralité, rendez-vous le 4 mars prochain au Comedy Ket.
Tous s’accordent à dire que la scène de l’humour belge est en plein développement ces dernières années, mais Paris reste un centre névralgique pour la scène du rire. Les organisateurs l’ont bien compris, ils ont également invité deux étoiles montantes du stand-up : Sofiane Ettai, chauffeur de bus à la RATP le jour, et stand-upper la nuit, et Maff Derulo, que vous connaissez certainement pour sa célèbre danse des épaules qui a fait le tour de TikTok.
Maff Derulo : “Dès que mon spectacle est prêt, je reviendrai en Belgique”
C’était sa première expérience devant un public belge, mais certainement pas la dernière, car il a “adoré”. Maff Derulo, c’est la coqueluche du moment sur les réseaux sociaux, avec plus de 400 000 abonnés. Vous le connaissez certainement pour sa petite danse des épaules, qui a fait le buzz récemment. Comme beaucoup, il s’est lancé sur TikTok pendant le confinement, et le voilà propulsé au firmament des créateurs de contenus médiatisés. Lui, son but, c’est le cinéma. Mais en attendant, il écrit un spectacle où il veut sortir “de sa zone de confort”. On lui demande de quoi ça va parler. “Ma vie, car ma vie est un sketch”, nous répond-il, et cela pique notre curiosité. Son mot de la fin ? “Croyez en vous”. Son spectacle devrait être prêt pour la rentrée prochaine. Il est bien décidé à revenir taquiner le public belge d’ici là. À bon entendeur…
Sofiane Ettai à la conquête du public belge
C’était celui qui faisait “rire les copains” sur les bancs de l’école. Sofiane Ettai nous vient de France, où, pendant dix ans, il a arpenté les théâtres et salles de spectacles des grandes villes françaises pour proposer ses sketchs sur des thématiques type : les clichés et stéréotype entre les différentes nationalités, ou les joies de la parentalité.
Ce n’est pas la première fois qu’il vient en Belgique. D’ailleurs, il nous confesse être “amoureux du public belge”, qu’il trouve “généreux” et prompt à accueillir les nouvelles idées, et nouveautés que la scène du stand-up peut leur apporter. Son spectacle s’appelle “rire entretient la jeunesse de votre corps”. Il sera de retour en Belgique dès le mois de mars prochain.
Toutes et tous se sont rejoints sur un point : l’accueil chaleureux que leur a offert le public bruxellois durant la soirée.
Quand on lui demande comment s’est passé l’événement, Khalid DJB (coorganisateur) nous répond : “super et sans accrocs”. “Ça dépasse toutes nos espérances”. Pour lui, le public tout comme les artistes “ont joué le jeu”, et “pris l’évènement au sérieux”. Ils ont d’ailleurs tenu à remercier leurs partenaires sur l’événement, ainsi que l’ensemble du staff qui a permis au gala d’avoir lieu. “Que ce soit écrit noir sur blanc”, nous précise-t-il, après le spectacle. Pari gagné pour cette première édition, qui en annonce une nouvelle, prévue pour le mois de mai prochain.
Lucie Gilson – Photos : Maryse Lenaerts