Témoignage : face à la crise, les gardiens de la paix se sentent oubliés

« Tout le monde est mieux à la maison, sauf nous… mais qu’est-ce qu’on peut faire ?», c’est le cri d’alarme d’un gardien de la paix de la Ville de Bruxelles qui nous a contactés, celui-ci souhaite rester anonyme, nous l’appellerons M. « Je ne parle pas que pour moi mais pour des amis collègues à Evere ou à Schaerbeek par exemple ».

Dans cette situation de crise sanitaire, M. a le sentiment que certaines communes envoient les gardiens de la paix au feu, sans protection – « nous n’avons pas de masque, pas de gants et pas de gel désinfectant » et sans consignes claires. « D’habitude, on est là pour aider la population, rendre service. Maintenant, qu’est-ce qu’on doit faire ? Disperser les gens ? S’ils ne veulent pas, on ne peut pas les forcer, nous ne sommes pas des policiers. On se fait de plus en plus insulter pendant nos tournées ».

M. et ses collègues sillonnent des quartiers difficiles « autour du parc Maximilien, des sans-abris se réfugient dans les halls ou les caves des immeubles de logements sociaux. C’est nous qui devons les déloger ? Certains ont peut-être le coronavirus et nous, on le ramène à la maison, on a aussi une femme et des enfants ».

“On a un métier qui n’est pas clair”

M. regrette que, depuis la création de la fonction de gardien de la paix communal, le profil soit resté trop vague : « on a un métier qui n’est pas clair, c’est une fonction qui n’est pas entièrement définie, c’est chaque commune qui gère ».

Dans ces conditions, faut-il vraiment nous laisser en rue, demande M. qui conclut « J’adore mon métier mais j’ai peur… peur de la maladie et de perdre mon travail ».

D’autres travailleurs du service public ont le même sentiment. Ils doivent continuer leur boulot, mais ils estiment ne pas avoir suffisamment de protection. C’est le cas de plusieurs employés de Bruxelles-Propreté, qui eux aussi nous ont contacté anonymement, de peur des représailles.

Philippe Close réagit

Contacté par BX1, le bourgmestre de la Ville de Bruxelles Philippe Close (PS) remercie “les gardiens de la paix pour leur travail” avant d’évoquer les mesures “prises de concert avec les chefs d’équipe” pour les épauler : “écarter les plus de 60 ans, concentrer les agents sur les missions essentielles, limiter les rondes…” Le bourgmestre confirme également la distribution de masques. “Les gardiens de la paix font partie de ces personnes de terrain qui font que la ville continue de tourner. Je les félicite pour leur travail et leur détermination”, conclut-il.

Murielle Berck