Un tournant diplomatique ? L’édito de Fabrice Grosfilley

Ce mardi, Fabrice Grosfilley évoque dans son édito de possibles négociations concernant la guerre en Ukraine.

Sommes-nous arrivés à un point de basculement en Ukraine ? Après le fracas de bombardements, le temps est-il venu de privilégier la négociation ? Pour la première fois depuis le début de la guerre, c’est une question que nous pouvons nous poser. 

Aujourd’hui, à Istanbul, la Russie a pris l’engagement de réduire radicalement son activité militaire dans les régions de Kiev et de Tcherniguiv qui est une localité située à une centaine de kilomètres au Nord-Est de Kiev. Le vice-Ministre de la défense russe, Alexandre Fomine a fait cette annonce en expliquant que les négociations sur la neutralité et le statut non nucléaire de l’Ukraine étaient entrés dans une dimension pratique. Il s’agissait de discussions substantielles et qu’une réduction de l’activité militaire avait pour but d’accroître la confiance entre les deux parties. 

Côté Ukrainien, on a également fait un pas, en évoquant un futur statut de pays neutre. Mais le négociateur ukrainien a quand même précisé que cette neutralité devait s’accompagner de garantie sécuritaire, avec des pays garants qui s’engageraient à intervenir militairement si l’accord n’était pas respecté. Dans la liste de ces pays garants, on pourrait trouver les États-Unis, la France, la Grande-Bretagne, la Pologne et l’Allemagne, mais aussi la Chine ou la Turquie, a expliqué ce négociateur. Et puis, concession importante des Ukrainiens, la Crimée et le Donbass seraient exclus de l’accord, ce qui ouvre la voie à une annexion de ces territoires par la Russie. 

Mais il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant qu’il n’ait signé le traité. On notera que ce qui nous parvient ne dit rien de Marioupol, ou d’Odessa. Ni de l’accès à la mer d’Azov. Il faudra évidemment voir demain sur le terrain si la promesse russe de moindre intensité des combats est réellement observée sur le terrain. On vérifiera aussi qu’il ne s’agit pas seulement de déplacer des troupes d’un endroit à un autre. Faire baisser la pression sur Kiev, mais l’augmenter sur Kahrkhiv ou Lviv n’aurait pas beaucoup de sens. 

Prudent, voire sceptique ou méfiant, on doit assurément l’être. Mais cette annonce d’une percée dans les pourparlers donne quand même des raisons de se réjouir. Elle s’accompagne de l’annonce d’un contact téléphonique entre Joe Biden et les chefs d’État européens. Emmanuel Macron devait avoir ce mardi une conversation directe avec Vladimir Poutine. Même une rencontre entre Vladimir Poutine et Volodomyr Zelensky n’est plus à exclure. Et le signe ultime qui peut vous convaincre que cela a de l’importance, c’est la réaction des marchés boursiers.  L’euro et le rouble sont repartis à la hausse ce mardi soir. Tandis que les prix du gaz et du pétrole sont eux à la baisse. Il n’y a qu’une zone d’ombre au tableau. Et on ne doit vraiment pas l’oublier. C’est le nombre de civils qui ont été tués, blessés, déplacés depuis un mois. Toute cette souffrance humaine qui pèse et qui pèsera encore sur ces négociations. 

■ Un édito de Fabrice Grosfilley