Uber : la normalisation, l’édito de Fabrice Grosfilley

Ce mercredi, Fabrice Grosfilley évoque dans son édito la possibilité de commander un taxis bruxellois via l’application Uber

Les taxis traditionnels bruxellois face à la société américaine Uber. Cela avait toutes les allures du combat de David face à Goliath. Les petits taxis n’ont pas terrassé le géant américain. Mais la société Uber est en train de se faire beaucoup moins arrogante qu’avant.

Depuis ce matin, Uber propose donc un nouveau service à ses clients. La réservation d’un taxi traditionnel. Oui, vous avez bien entendu. Sur la plateforme de l’entreprise californienne, lorsqu’on souhaite appeler une voiture, il est désormais possible de choisir entre la location d’un véhicule avec chauffeur, le système Uber tel qu’on le connaît jusqu’à présent et un taxi de chez taxi. La société qui faisait la guerre aux taxis traditionnels va donc commercialiser leurs services. En prenant évidemment une petite rémunération au passage.

Ce changement de stratégie d’Uber ressemble à un genou à terre du géant californien. Pendant des années, Uber nous a affirmé qu’elle n’avait rien à voir avec une société de taxi, c’était une plateforme d’économie collaborative qui se contentait de mettre en rapport une offre et une demande. Une entreprise qui se limitait à un algorithme, qui favorisait le travail des indépendants, avec les horaires de son choix, ouverte à la diversité, branchée sur la technologie et la tête tournée vers le futur. Bref, Uber, c’était la modernité alors que les taxis étaient assimilés à la ringardise. Et il fallait que le marché bruxellois, comme d’autres, s’adapte à cette nouvelle donne.

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Alors évidemment, si Uber intègre tout d’un coup les taxis classiques à son offre de service, ce n’est pas par philanthropie, mais bien par intérêt. Le plan taxi qui devrait entrer en vigueur le 22 octobre va plus que contrarier le business modèle de l’entreprise américaine, notamment parce qu’il va interdire aux chauffeurs qui ne disposent pas d’une licence bruxelloise de prendre des courses en région bruxelloise. Pour Uber, la conclusion est simple : sans recourir à des sociétés basées en Flandre ou en Wallonie, elle ne trouvera pas assez de chauffeurs. Elle est donc contrainte de se tourner vers les taxis traditionnels si elle veut pouvoir faire face à la demande. On notera que cette stratégie consistant à intégrer les taxis classiques dans l’interface n’est pas propre à la Belgique. La même décision a été prise en Allemagne, en Espagne, et même à New York.

Cette volte-face d’Uber, elle donne finalement raison à tous ceux qui se sont battus contre cette multinationale en indiquant qu’elle faisait du dumping social, que son objectif en cassant les prix était de casser le marché, et qu’il fallait que tous les acteurs obéissent à des règles du jeu qui seraient les mêmes pour tout le monde. La démonstration est faite : oui, Uber fait bien le même métier que les sociétés de taxis.

Alors, il y a un petit détail que les usagers de la plateforme ne devront pas ignorer quand ils passeront par Uber pour commander un taxi traditionnel. L’application leur indiquera une fourchette de prix. Mais au final, c’est bien le prix affiché par le taximètre qu’il faudra payer au taximan. Alors qu’aujourd’hui, il existe des applications de taxis, je ne vais pas citer des marques, vous les trouverez tout seul, où vous connaissez le tarif exact et où vous payez à l’avance. Sur cet aspect-là, c’est finalement Uber qui est en retard. 

Un édito de Fabrice Grosfilley