Rue de la Loi : l’image qui rapproche Elio et Jan… sans le faire vraiment
Il y a des images dont on sait à l’avance qu’elles vont faire la une des journaux ou des sites internet. Et d’autres dont on sait qu’elles sont rares et vont souvent resservir. Ce matin, les photographes de presse ont eu l’occasion de prendre des clichés qui vont appartenir aux deux catégories : Jan Jambon (N-VA) et Elio Di Rupo (PS) côte à côte. Le ministre-président flamand et le ministre-président wallon se sont donc rencontrés à Bruxelles et ils ont même organisé un point-presse. Vous allez voir et revoir cette image, demain, dans 3 semaines. Elio et Jan se sont vus et c’était même agréable disent-ils. Ils ont parlé de Brexit, de 5G, de climat, de relations internationales, bref de tout sauf des négociations au niveau fédéral. “Les pourparlers sont suffisamment complexes sans que nous ayons besoin de nous en mêler“, a glissé Jan Jambon. “Je ne suis plus président du PS“, a précisé Elio Di Rupo. Comme s’il y avait un mur étanche entre les 2 ministres-présidents et les deux préformateurs Geert Bourgeois (N-VA) et Rudy Demotte (PS).
Pourtant, l’organisation de ce rendez-vous et surtout sa publicité ne sont pas le fruit de la distraction. Si celui qui était le président du PS il y a moins d’une semaine, et celui qui défend les couleurs de la N-VA dans le gouvernement flamand ont décidé de médiatiser leur rencontre, ce n’est pas seulement pour avoir une photo-souvenir à poser sur leur cheminée. Il fallait que cela se sache. Ces photographies sont un double message à destination de l’opinion publique. D’abord le signal que les institutions régionales fonctionnent. On n’a peut-être pas de gouvernement fédéral, et ce niveau de pouvoir est peut-être dans la panade la plus complète, avec l’Europe qui commence à lui faire les gros yeux sur le budget, mais ça ne concerne ni le PS, qui avait été mis dehors, ni la N-VA qui a décidé d’en claquer la porte. Ces deux grands partis sont, eux, aux commandes dans les régions, et dans les régions, on travaille.
Second signal : on est capable de se parler. Entre le PS et la N-VA il y a comme une sorte de dégel. Pour comprendre la politique, il faut parfois bien tendre l’oreille. Il y a les phrases chocs qui claquent comme une symphonie de Beethoven et que tout le monde entend. Et puis il y a la petite musique d’ambiance, qui nous caresse par petites touches comme du Chopin. Beethoven, c’est quand le PS disait “jamais avec la N-VA”, et que la N-VA disait “si c’est avec le PS, c’est pour passer au confédéralisme”. Chopin, c’est le PS qui dit que “la priorité c’est le social, la pension à 1500 euros, le refinancement de la sécurité sociale”, et quand la N-VA ne dit plus rien sur la réforme de l’État. Ce ne sont pas des négociations, bien entendu. Ce sont juste deux ministres-présidents qui se serrent la main et tiennent une conférence de presse commune. Mais s’il y avait eu un piano dans un coin de la pièce, on aurait joué du Chopin et pas du Beethoven. On aurait pu choisir un morceau à 4 mains.
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Photo : Belga/Laurie Dieffembacq