Rue de la Loi : les ministères qu’on préfère éviter (J+26)
Palettes brûlées, façade arrosée, mousse déversée, circulation bloquée. Une manifestation de pompiers, c’est souvent très spectaculaire. Et le plus souvent, ces actions sont dirigées contre le ministre de tutelle. Ces dernières semaines, c’est donc la Secrétaire d’Etat Cécile Jodogne qui en fait les frais. Avoir la responsabilité du SIAMU, du Service Incendie et de Aide Médicale Urgente en Région Bruxelloise, ce n’est pas toujours un cadeau.
Les pompiers en Région Bruxelloise c’est une 40 aine de véhicules incendie, autopompes et grandes échelles, 43 ambulances et plus de 140 véhicules un peu plus légers, répartis dans 9 casernes. C’est surtout un corps qui emploie près d’un millier de pompiers et près de 150 personnes dans les services administratifs. Avec beaucoup de problèmes de gestion, que ce soit le cadre linguistique, l’obligation d’avoir des équipes bilingues, les rapports entre les pompiers et leur direction, l’équipement jugé insuffisant, etc. Et à chaque fois ou presque, les pompiers n’hésitent pas à sortir dans la rue.
Cette fois, le conflit porte sur le calcul des primes. L’ancien système de primes régionales, qui était forfaitaire, a été condamné en justice, car ces primes régionales ne prenaient pas en compte les cotisations ONS (la sécurité sociale). La décision a donc été prise d’adopter le système fédéral de primes liées à chaque intervention. Les pompiers bruxellois estiment que ce nouveau dispositif provoquerait pour eux un manque à gagner de plusieurs centaines d’euros. Cécile Jodogne est donc en négociations avec leurs représentants syndicaux, mais pour l’instant le bras de fer est musclé.
Dans les portefeuilles ministériels qu’une formation politique n’a pas forcement envie d’assumer, parce qu’ils apportent plus de tracas que de visibilité positive, il y a donc la tutelle des pompiers. Mais ce n’est pas le seul département à haut risque au gouvernement bruxellois. La gestion du secteur des taxis est également une compétence sensible. Pascal Smet en a fait les frais lors de la législature sortante. Même si la justice a un peu clarifié la situation par rapport à Uber, les taximen attendent toujours un plan taxi qui n’a pas vu le jour. On pourrait ajouter les éboueurs, dont la moindre grève peut avoir des répercussions très concrètes en terme de qualité de vie ou d’odeurs pour tous les Bruxellois. Toujours dans la liste des portefeuilles dont il faut se méfier, les travaux publics, on a vu avec la saga des tunnels, qu’on n’est jamais à l’abri d’une mauvaise surprise.
Quand on entre dans un gouvernement, il est préférable de choisir un département qui permet de faire de la communication positive : annoncer de bonnes nouvelles, montrer qu’on a la situation bien en main, qu’on mène des actions concrètes et que les chiffres s’améliorent d’année en année. La mobilité, l’environnement, l’emploi offrent ainsi une visibilité très recherchée. La fiscalité et le budget permettent d’intervenir un peu dans tous les domaines. Officiellement, la répartition de ces compétences intervient en fin de négociation, en réalité tout le monde l’a déjà un peu en tête et on sait que ce sont les partis qui ont obtenu les meilleurs scores qui se servent en premier. Il faudra quand même bien que quelqu’un continue de s’occuper des pompiers, des taxis, des éboueurs et des tunnels qui vieillissent. La négociation de ces compétences devrait avoir lieu aux alentours du 15 juillet.