Rue de la Loi : le péage urbain, la meilleure solution pour les Bruxellois
Depuis ce lundi matin il y a donc une bande de moins sur l’autoroute E40 en provenance de Liège aux portes de Bruxelles. Et chose étonnante, malgré les prévisions pessimistes, les choses se passent plutôt bien, il n’y a eut pas plus de files que d’habitude à l’heure de pointe.
Prévenons les amis navetteurs : cette réduction d’une bande de trafic n’est qu’un début. Le projet à long terme de la région Bruxelloise est de transformer la fin de l’autoroute de Liège ( en gros depuis le Cora de Woluwe) en boulevard urbain. Aujourd’hui il y a 6 bandes de circulation dans les deux sens qui occupent 70 mètres de large. A terme ce boulevard occupera deux à trois fois moins de place. La vitesse y sera limitée à 50 km/h, avec des entrées et des sorties pour alimenter les quartiers alentours, des espaces verts seront créés pour séparer le boulevard et le nouvel espace public qui sera libéré sur les cotés.
Cette réflexion est la conséquence d’un changement de mentalité. Dans les années 1960-1970 une grande ville se construisait autour des axes routiers. Aujourd’hui on demande aux voitures de rester aux portes de la ville. Réduire la taille du tuyau d’entrée c’est limiter le débit à l’intérieur de la région bruxelloise.
Dans ce débat il y a une idée qui revient régulièrement sur la table : celle d’un péage à l’entrée de Bruxelles. Un péage qui permettrait de filter l’entrée des navetteurs, en fonction de l’heure ou de la pollution émise par le véhicule. Plusieurs grandes villes européen l’ont déjà fait: Londres, Oslo, Dublin. Avec des résultats concrets : à Milan le trafic automobile a été diminué d’un tiers. A Stockholm on compte un quart de voitures en moins dans le centre ville.
Et pourtant personne n’ose mettre cette solution en avant. Quand on épluche les programmes de partis le PTB et Le MR sont contre tout projet de péage, le CDH préférerait un péage inversé, sous forme d’incitants fiscaux, le PS semble moins hostile mais évite de se prononcer clairement dans son programme , Ecolo voudrait un péage uniquement pour le centre ville, et Défi veut bien d’un péage à condition que cela remplace la taxe de circulation.
Comme d’habitude en Belgique les idées simples sont institutionnellement compliquées. La taxe de circulation est une compétence régionale. Si on veut que le péage aux portes de Bruxelles soit en lien avec la taxe de circulation il faudra donc discuter avec la région flamande et la région wallonne. Ce serait d’ailleurs une bonne manière de s’assurer que ceux qui empruntent les infrastructures routières bruxelloises contribuent aussi à leur financement. Puisque l’impôt des personnes physiques retournent vers le lieu de résidence et que la Région Bruxelloise est sous-financée par le fédéral ce serait même un mécanisme correcteur bienvenu. Mais ne rêvons pas : les chances que les wallons et les flamands y soient favorables sont proches de zéro. Et comme la fameuse communauté métropolitaine qui était prévue dans la dernière réforme de l’Etat et qui pourrait régler ce genre de question n’a toujours pas vu le jour, les bruxellois risquent d’attendre leur péage encore longtemps.
La solution serait donc un passage en force de la région Bruxelloise, au risque effectivement de faire hurler quelques navetteurs. Ce serait une solution juste en terme de climat (moins de CO2), de santé publique (moins de particules fines), de mobilité (on dit que réduire le trafic de 10% suffirait à retrouver une circulation fluide) et même de financement des infrastructures bruxelloises. Pour défendre ce projet il faut que les partis politiques bruxellois osent mettre l’intérêt des Bruxellois au cœur de leur projet. Et fassent preuve d’un peu de courage politique.