Rue de la Loi : la valse des présidents
Voici un weekend présidentiel, mieux : un weekend de valse présidentielle. D’ici lundi matin, deux partis politiques auront donc changé de président. Le Mouvement Réformateur d’abord. Il s’agit de succéder à Charles Michel : cinq candidats au premier tour, deux pour le second tour (Denis Ducarme et Georges-Louis Bouchez). Les militants devaient voter par correspondance. 14 000 bulletins sont arrivés au siège du parti. Ce vendredi soir au plus tard, nous connaîtrons le nom du nouveau président du MR.
Pour DéFI, le vote n’a pas lieu par correspondance, mais au cours d’un congrès qui aura lieu à Tour et Taxis. Ce sera dimanche avec 4 candidats. Les militants sont invités à voter entre 9h et 11h du matin, et entre 13 et 14h s’il faut un second tour. Au plus tard en milieu d’après midi, on connaîtra le nouveau président de DéFI. Deux élections pour le prix d’une, c’est black friday en politique aussi. Il faut les ajouter à des changements de présidence à la tête du Parti Socialiste (Paul Magnette en octobre), d’Ecolo (avec Rajae Maouane aux cotés de Jean-Marc Nollet, c’était en septembre), et même du CDH (quand Maxime Prévot a remplacé Benoit Lutgen au mois de janvier).
En 2019, entre le 1er janvier et le 31 décembre, tous les partis politiques francophones auront changé de président. La seule exception est le PTB. Pour tous les autres c’est un page qui se tourne, un nouveau chapitre, un changement d’époque.
Si on insiste tant sur ces changements de présidence c’est parce que notre vie politique reste dominée par le poids des partis. C’est l’un des conséquences de notre système de scrutin à la proportionnelle : pour former un gouvernement, négocier un programme, désigner les ministres, ce sont nos partis qui sont à la manœuvre. Le rôle d’un président est donc immense. C’est lui qui se retrouve à la table de l’informateur ou du formateur lorsqu’il faut entrer dans un gouvernement régional ou fédéral. Lui encore que l’on associe aux tractations lorsqu’il s’agit de négocier une réforme de l’Etat. Et même si on peut s’appuyer sur un centre d’étude, avoir des collaborateurs brillants, être en capacité de réunir rapidement des ministres ou des parlementaires pour les consulter dans les moments cruciaux, le président se retrouve souvent seul. Avec l’obligation de décider rapidement. Pour devenir président il faut donc une vision, un sens politique hors du commun, une compréhension rapide des enjeux et la capacité à bâtir dans l’instant une stratégie politique. Et il ne suffit pas de porter la parole et les intérêts de son parti à l’extérieur. Il faut aussi et même surtout savoir séduire les électeurs et s’imposer en interne. Etre président aujourd’hui c’est être à la fois tête de gondole, tête dirigeante, et tête chercheuse. Etre manager, savoir composer avec les courants, faire des compromis, déminer les situations de conflit.
Dans un passé pas si lointain, les présidents de parti étaient connus pour leur autorité. Colériques, violents, rancuniers, roublards. On les craignait. En 2019, la mode est à la démocratie participative, le huis-clos n’existe presque plus, il faut résister au bashing des réseaux sociaux autant qu’aux coteries fomentées dans des hôtels. Etre davantage un animateur d’équipe plutôt qu’un despote éclairé.
Voici donc venir une nouvelle génération des présidents. Il va leur falloir quelque jours , quelques semaines pour s’installer. Et peut être qu’après la valse des présidents, le tango des négociations pourra enfin commencer .