Rue de la Loi : 3 questions à Alain Raviart… qui annonce que le cdH va “aller plus loin”
La politique, c’est de la communication. Pas « que » de la com’, bien sûr : il faut un minimum de convictions, s’assurer qu’on partage la vision, et si possible le programme du parti auquel on adhère. Des convictions, Alain Raviart n’en manque pas. Antifasciste convaincu (un héritage familial), démocrate, très sceptique sur les buts poursuivis par la N-VA (il s’est emporté à plusieurs reprises sur le plateau de « C’est pas tous les jours dimanche ») mais aussi laïc militant (il ne s’en est jamais caché). Ajoutez un goût de la polémique et des formules chocs, grand habitué des codes médiatiques (il fut journaliste à RTL dans une première vie, conseiller en com’ et chroniqueur à Paris-Match dans une autre).
Cette semaine, son nom est aussi associé à un mercato politique comme on en voit peu. Alain Raviart quitte RTL et a annoncé son retour au CDH comme « porte-parole », 10 ans après avoir quitté le parti dont il était le directeur de la communication. Entendons-nous bien sur la notion de « porte-parole » : Alain Raviart ne sera pas chargé d’organiser la communication du cdH mais de l’incarner. À la manière d’un Raoul Hedebouw ou d’un Georges-Louis Bouchez, il aura pour mission de porter les messages du parti dans la presse, en particulier la presse audiovisuelle, à coup de petites phrases et de formules pédagogiques. Profession politique, avec spécialisation sniper cathodique en quelque sorte, et l’idée de se présenter à terme devant l’électeur n’est pas à exclure.
Mais il y a plus. Dans l’interview qu’il nous a accordé, Alain Raviart évoque une seconde mi-temps qui doit amplifier ce qu’il avait contribué à mettre en place lors de son premier passage (la première mi-temps où il était directeur de la communication). C’était l’époque de Joëlle Milquet, le PSC s’était mué en cdH. « Le parti n’a pas été assez loin », assure aujourd’hui Alain Raviart. Et le nouvel homme-sandwich d’embrasser des sujets qui fâchent : « je suis laïc, athée, je suis pour l’euthanasie, l’adoption par les couples homosexuels », énonce-t-il sans fausse pudeur, sachant pertinemment qu’il prend à rebrousse-poil les nostalgiques du PSC ancienne formule. N’est-ce pas, dans ces conditions, délicat de vouloir incarner médiatiquement un parti dont on ne partage pas complétement la ligne politique, sachant que ces questions éthiques sont souvent au cœur politique ?
Non, répond Alain Raviart, qui annonce que le parti se prépare à un aggiornamento de sa doctrine éthique : « je pense que tout cela va peut-être changer. Dans ma première mi-temps, je n’apparaissais pas publiquement car le décalage avec le PSC-cdH de l’époque était trop grand. Aujourd’hui, c’est une nouvelle histoire, si je viens, c’est parce qu’il y a eu des discussions préalables où on s’est dit certaines choses ». Traduction libre : Alain le laïc aurait obtenu de Maxime Prévot des assurances sur une évolution de la ligne politique du parti. Si ce n’est plus tous les jours dimanche, ça risque de secouer à la sortie de la messe dominicale. Et on n’est pas sûr que tous les membres du bureau politique aient été prévenus.