Prisons : le fédéral possède les clefs, l’édito de Fabrice Grosfilley
Ce lundi, Fabrice Grosfilley évoque dans son édito l’occupation et l’avenir des prisons de Saint-Gilles, Forest et Haren.
En Belgique, tout s’imbrique. Croire qu’une commune ou même une Région peut décider seule de ce qui va se passer sur son territoire est une illusion. Aujourd’hui, c’est le dossier de la prison de Saint-Gilles qui nous démontre que contrairement à ce que l’on pense, on est rarement maître chez soi.
La prison de Saint-Gilles, la prison de Forest et la prison pour femmes de Berkendael auraient dû théoriquement fermer leurs portes à la fin de cette année, ou au plus tard au début de l’année prochaine. C’est ce qui avait été convenu entre l’État fédéral, qui exploite ces trois prisons par l’intermédiaire de la Régie des bâtiments et de l’administration pénitentiaire, la Région bruxelloise et les deux communes concernées. En échange, la Région bruxelloise avait mis à disposition un vaste terrain à Haren. 15 hectares au total, le long de la frontière avec la Région flamande. 1 milliard d’euros investis, pour pouvoir accueillir à terme 1200 détenus. Avec un concept de village pénitencier, comprenez des petites unités d’une trentaine de condamnés avec plus ou moins de facilité de déplacement en fonction de la dangerosité et des peines prononcées.
Depuis ce matin, on sait donc avec certitude que l’accord ne sera pas tout à fait respecté. Oui, la prison de Haren doit bien ouvrir ses portes à la rentrée de septembre. Mais l’État fédéral n’abandonnera pas la prison de Saint-Gilles pour autant. Ou en tout cas, pas tout de suite. L’établissement sera maintenu en service jusqu’à la fin 2024. Vincent Van Quickenborne, le ministre de la Justice, souhaite y conserver un minimum de 200 places, un peu moins de la moitié de la capacité actuelle. Une prolongation qui va lui permettre de faire face à la surpopulation actuelle et de créer sur l’ensemble du royaume 800 places supplémentaires.
Alors évidemment, coté bruxellois, on n’est pas très heureux de cette annonce. Ça fait plusieurs années qu’on réfléchit à l’avenir du site. Des logements, des équipements collectifs, peut-être un musée. Il y avait beaucoup d’idées dans l’air. Ce matin, le ministre-président bruxellois Rudi Vervoort a regretté apprendre par la presse que la prison ne serait pas fermée à la date prévue. « Le plan, c’était que Haren remplace Forest et Saint-Gilles, pas de les garder ouvertes ensemble » a-t-il souligné dans un communiqué en forme de protestation. Ce communiqué ne changera pas grand-chose : les prisons ont été construites à la fin du 19e siècle sur des terrains qui appartiennent à l’État fédéral. On peut avoir de magnifiques idées de transformation ou d’aménagement pour ce quartier, et c’est sans doute indispensable. Mais tant que le fédéral n’aura pas vendu les terrains, c’est lui qui garde la main.
■ Un édito de Fabrice Grosfilley