Poutine : le chaud et le froid, l’édito de Fabrice Grosfilley

Ce mardi, Fabrice Grosfilley évoque dans son édito sur les enjeux politiques de la guerre en Ukraine.

Vladimir Poutine veut-il mettre un terme à la guerre en Ukraine ? C’est en tout ce qu’affirme le président turc Recep Tayyip Erdoğan. Mais entre les déclarations politiques et la réalité du terrain, il y a un grand décalage… même si la position de la Russie semble de moins en moins solide.

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Cette intention de se diriger vers la fin du conflit, c’est une sorte de confidence que le président turc Recep Tayyip Erdoğan a fait à des journalistes américains. D’après lui, Vladimir Poutine serait prêt à mettre fin à la guerre le plus rapidement possible, « c’est une impression que j’ai eue” dit Erdogan, “car la façon dont les choses se déroulent en ce moment est assez problématique ». 

Assez problématique, c’est une référence à la percée des forces ukrainiennes ces dernières semaines. À Kherson, à Kharkiv, les forces russes ont dû reculer. Ce n’est pas encore la Bérézina, mais on sent bien que l’enthousiasme a choisi le camp des Ukrainiens. 7 mois après le début de la guerre, et alors qu’on craignait un enlisement sans fin, ce sont désormais les Ukrainiens qui avancent et les Russes qui reculent.

Ces difficultés de l’armée ne sont pas sans conséquences pour le pouvoir de Vladimir Poutine. Car au-delà de l’Ukraine, c’est dorénavant toute sa sphère d’influence qui est remise en question. En Arménie, les combats ont ainsi repris entre les forces arméniennes et l’Azerbaïdjan. En théorie, la Russie est l’alliée des Arméniens. Mais lorsque le président arménien a demandé l’application des traités et l’envoi de renforts, la Russie n’a pas voulu envoyer des troupes et a juste appelé au cessez-le-feu. Même chose avec le Kirghizistan et le Tadjikistan où les accrochages se multiplient à la frontière. Là aussi, Moscou a appelé à la négociation. Le grand frère russe, celui qui jouait les gendarmes en tant que puissance régionale, est désormais trop embourbé en Ukraine pour faire la police ailleurs. C’est tout un équilibre stratégique qui est en train de se fissurer.

Cette mauvaise passe pour le pouvoir russe ne signifie pourtant pas que la guerre soit réellement en train de se terminer. Les séparatistes prorusses du Donbass à l’est, mais aussi de la région de Kherson au sud, ont ainsi annoncé qu’ils allaient organiser des référendums sur une annexion de leurs régions respectives par la Russie. Ces scrutins seront organisés à partir de vendredi. Il ne fait aucun doute que ces référendums dans des régions où l’armée russe est à tous les coins de rue diront “oui” à l’annexion. Leur organisation est une étape supplémentaire vers un démantèlement de l’État ukrainien. Le contraire d’un geste d’apaisement, c’est même une provocation.

S’il y a le terrain politique, il y a aussi la réalité cure de la guerre. Dans les villes et villages repris par les Ukrainiens, les récits d’exactions et de pillages se multiplient. Ce sont des centaines de tombes retrouvées à Izioum. Des accusations de tortures. Des crimes de guerre. Et le démenti de la Russie qui parle de mensonge.

Ces récits, ces témoignages, ils sont souvent invérifiables. Mais aussi parfois franchement insoutenables. Ces jours-ci, l’assemblée générale des nations unies en entendra peut-être l’un ou l’autre. Des nations unies dont on voit hélas depuis 7 mois qu’elles sont bien impuissantes.

■ Un édito de Fabrice Grosfilley

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20 septembre 2022 - 17h32
Modifié le 20 septembre 2022 - 17h32