Plus de priorité pour les patients Covid-19 ? L’édito de Fabrice Grosfilley

Ce mardi, Fabrice Grosfilley évoque dans son édito les choix devant lesquels se retrouvent les médecins face à la presque saturation des lits aux soins intensifs pour les malades Covid-19.

Faut-il continuer à réserver des lits de soins intensifs pour les malades atteints du covid19 ? C’est la question que sont en train de se poser les responsables du service public fédéral de la santé. Actuellement, nos hôpitaux sont en phase 1B. Ils doivent réserver la moitié de leurs lits de soins intensifs à des malades atteints du coronavirus. Ce qui correspond à près d’un millier de lits sur les deux mille qui existent. Le reste est nécessaire pour pouvoir accueillir les victimes d’accidents de la route ou bien les patients qui subissent une chirurgie cardiaque ou encore une opération des reins par exemple.

Si les chiffres de contamination continuent à monter, on passera en phase 2A : réserver 60% des lits à des patients Covid. Et puis en phase 2B et puis en phase 3. En bout de processus, on devrait pouvoir réserver l’intégralité de nos lits de soins intensifs à des patients Covid.  Dans la pratique, on sait évidemment que cela n’est pas possible. Cela reviendrait à condamner des patients qui ont besoin d’une opération urgente.

Ce matin, on a donc appris qu’un nouveau plan d’urgence était bien en réflexion pour les hôpitaux. Ce plan prévoyait de ne plus donner la priorité aux patients Covid. Cela veut dire que si l’on arrive en phase trois, un malade atteint du Covid n’aura plus la priorité sur quelqu’un qui doit se faire opérer du cœur.

Cette information est loin d’être anodine. Elle est en train de nous faire entrer dans une nouvelle logique : celle du tri des patients. Ce choix éthique, la plupart des médecins se refusent à le poser. Leur déontologie, c’est de soigner tout le monde. C’est de ce fait en amont, au niveau des autorités sanitaires, qu’il faut avoir le courage de prendre cette décision.

Dire que la vie d’un patient atteint du Covid n’est pas prioritaire sur un celle d’un accidenté de la route par exemple, c’est une sacrée responsabilité. On n’aimerait évidemment pas être à la place de ceux qui s’apprêtent à la prendre. Choisir c’est renoncer. Mais renoncer à sauver une vie humaine, c’est évidemment dramatique. Ni le patient atteint du Covid, ni l’accidenté de la route n’ont choisi de mettre leur vie en jeu.

Avec un bémol : quand on apprend qu’un Bruxellois sur 4 n’est toujours pas vacciné, et que 2  sur 3  n’ont pas pris leur dose booster, on ne peut pas s’empêcher de penser que dans ces cas-là, être prioritaire, être celui qu’on va essayer de sauver au détriment de quelqu’un d’autre, cela devient plus qu’un droit, mais un privilège, qui peut ne pas être mérité.

Édito par Fabrice Grosfilley

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11 janvier 2022 - 17h31
Modifié le 11 janvier 2022 - 17h31