Oui, le racisme est condamnable, l’édito de Fabrice Grosfilley

Ce mercredi, Fabrice Grosfilley évoque dans son édito la condamnation des auteurs des insultes en ligne à l’encontre Pierre Kompany.

C’est une condamnation symbolique, mais c’est une condamnation. Le tribunal civil de Bruxelles a, dans un jugement, reconnu le caractère raciste des injures proférées sur les réseaux sociaux contre Pierre Kompany, ancien député bruxellois et bourgmestre de Ganshoren. L’élu sera donc indemnisé et l’un des coupables devra suivre une sensibilisation aux discriminations.

Ce jugement du tribunal civil a été rendu assez discrètement ce mardi. Ce sont Les Engagés, le parti de Pierre Kompany, qui en ont fait la publicité auprès de l’agence Belga aujourd’hui. L’affaire remonte à l’été 2020, lorsque le parti avait publié une vidéo au sujet d’une résolution sur la mémoire coloniale. Un groupe d’internautes s’en étaient donné à cœur joie. Propos racistes en rafale. Injures en tout genre. Un mélange de vulgarité, d’agressivité et de méchanceté.

Finalement, seuls deux internautes se sont retrouvés au tribunal. L’un pour avoir écrit au bourgmestre qu’il connaissait « un très bon taxidermiste qui se ferait une joie de l’immortaliser gratuitement et le placer au musée parmi les animaux d’Afrique”. L’autre pour avoir traité les afro-descendants de « fainéants et imbéciles, incapables d’apprendre quelque chose, à commencer par apprendre à conduire ». Pour le premier prévenu, il y a eu un acquittement, le caractère d’incitation à la haine ayant été jugé insuffisamment établi, pour le second en revanche, la diffusion de propos fondés sur la haine raciale a bien été reconnue par le tribunal.

À voir aussi : Début d’un procès pour faits de racisme à l’encontre de Pierre Kompany

Cet internaute va donc faire l’objet d’une peine de probation d’un an. Il devra suivre une sensibilisation à la discrimination. Il devra également verser le montant de 500 € plus les frais de justice à Pierre Kompany. Une somme dont l’ancien bourgmestre a déjà qu’il la reverserait à une association anti-raciste.

À première vue, la condamnation semble modeste. Mais symboliquement, elle est très importante. Il est, en effet, rarissime que les victimes de propos racistes décident de porter plainte. A fortiori quand il s’agit d’élus. Les personnalités publiques en voient passer des vertes et des pas mûres sur les réseaux sociaux. Le plus souvent, elles décident de faire le gros dos. Elles haussent les épaules, on parfoist un haut-le-cœur, mais préfèrent ne pas faire plus de publicités aux malveillants.

Sur ce dossier, c’est d’ailleurs le groupe parlementaire, et en particulier Céline Fremault qui a encouragé Pierre Kompany à ne pas laisser passer, et pour une fois à déposer plainte. Et pour une fois, la justice a donc instruit le dossier au lieu de le classer sans suite. C’est un signal important pour toutes les victimes de propos racistes : il n’y a pas de raison de laisser passer, et oui le racisme est un délit, il peut être poursuivi.

Dans une réaction à l’agence Belga, Pierre Kompany voit dans ce jugement « une reconnaissance de la gravité des insultes et menaces reçues, mais surtout une victoire dans le cadre de la lutte contre le racisme. » Il forme le vœu que cette décision de justice soit « le déclencheur d’une préoccupation plus forte en ce qui concerne le racisme. »

Ce positivisme de Pierre Kompany, on aimerait le partager. Parce qu’on se rappellera qu’en décembre 2021, Vincent Kompany, son fils, avait, lui aussi, été la cible de propos racistes. C’était à l’époque où il était entraîneur du Sporting d’Anderlecht lors d’un match contre Bruges. L’enquête avait été classée sans suite parce qu’il était impossible de savoir qui avait tenu les propos en question, avait estimé le parquet. On espère qu’à l’avenir, quand Vincent, Pierre et tous les autres déposeront plainte,  la justice se  donnera davantage de moyens pour que la bêtise et la haine, ne soient, dans les stades et sur internetconsidérées comme une banale fatalité. 

Un édito de Fabrice Grosfilley

Partager l'article

30 novembre 2022 - 18h04
Modifié le 30 novembre 2022 - 18h37