L’Europe prête à encadrer le prix du gaz, l’édito de Fabrice Grosfilley

Ce vendredi, Fabrice Grosfilley évoque dans son édito le plafonnement du prix du gaz décidé par l’Union européenne.

L’Union européenne est-elle  prête à plafonner le prix du gaz ? A priori la réponse est oui. Enfin, oui, serait-on tenté d’écrire. Et à priori, toujours , pour les consommateurs et pour les entreprises, cela devrait être une bonne nouvelle.

On emploie le conditionnel parce que cet accord n’est pour l’instant qu’une feuille de route. Une feuille de route difficile à établir, il a fallu 10 heures de négociations entre les chefs d’État et de gouvernement pour aboutir à un compromis ,qui va maintenant devoir être mis en musique par les ministres de l’Énergie et par la Commission européenne. Cela devrait prendre encore 2 à 3 semaines, ont pronostiqué tant Emmanuel Macron qu’Alexander De Croo.

Que dit cet accord ? Il parle de fixer un corridor de prix dynamique et temporaire. Traduction en langage intelligible, ce n’est pas un plafonnement strict, mais plutôt un mécanisme correcteur qui évitera les fortes variations. Si la tendance des prix est régulièrement et légèrement à la hausse, on laissera faire, si en revanche les cours bondissent de manière inopinée, on interviendra. Ce mécanisme, appliqué au gaz, devrait égaement aider à faire baisser les prix de l’électricité. Les États membres ont également convenu que 15% de leurs achats en gaz passeraient désormais par des achats groupés. C’est donc l’Union européenne, plus précisément la Commission qui négociera le prix d’achat avec l’espoir de faire baisser les prix.

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Ces mesures n’ont l’air de rien, mais il a fallu convaincre les États les plus réticents. En particulier l’Allemagne, qui craint que des prix bloqués ne se traduisent par une fuite du gaz vers d’autres continents où on accepterait de payer le gaz au meilleur prix. Alexander De Croo s’est ainsi engagé auprès d’Olaf Scholz à ce que le gaz liquéfié qui arrive en Belgique continue d’être exporté vers l’Allemagne. Ce qui n’empêche pas l’Allemagne d’avoir des doutes, et le très eurosceptique Victor Orban d’utiliser cette métaphore : « plafonner les prix du gaz, c’est comme aller au bar et dire au barman que tu veux payer ta bière à moitié prix, ça n’arrivera pas. » On peut toujours faire confiance à Victor Orban pour être constructif.

C’est donc un compromis à prendre avec beaucoup de prudence, et les chefs d’État et de gouvernement se sont d’ailleurs donné la possibilité d’arrêter ce mécanisme à tout moment. Mais il y a un signe encourageant ce vendredi :  la baisse effective du prix du gaz sur les marchés européens. Le mégawattheure est désormais côté à 116 euros. C’est nettement moins haut que les 350 euros qu’on avait atteint l’été dernier. Mais ça reste très élevé par rapport aux 20 ou 30 euros que l’on payait avant la crise de la Covid-19. Le regard des spécialistes en énergie se tourne vers deux paramètres : 1, la météo, est-ce que l’hiver sera rude ou pas. 2, l’Asie, est-ce que la demande dans cette partie du monde sera ou pas en hausse dans les prochains mois ?

Question subsidiaire : est-ce que vous, consommateurs, vous allez profiter de cette baisse des prix si elle se confirme ? Oui, mais pas tout de suite. Les fournisseurs vous vendent aujourd’hui du gaz qu’ils ont acheté il y a 3 ou 4 mois. Il faudra attendre donc deux ou trois mois de plus, pour que la facture du consommateur reparte à la baisse. Et plus nous ferons des économies d’énergie d’ici là, moins la demande sera forte, plus on aura une chance de voir baisser les prix. 

Un édito de Fabrice Grosfilley