L’escalade continue, l’édito de Fabrice Grosfilley

Ce lundi, Fabrice Grosfilley évoque dans son édito l’escalade de la Russie avec les décisions de Vladimir Poutine.

Avec Vladimir Poutine, c’est donc une escalade sans fin. Une escalade militaire en Ukraine. Une escalade verbale sur le terrain diplomatique. Et même sur le plan humanitaire, tout est prétexte au rapport de force.

La proposition de corridor humanitaire qui aurait donc dû permettre d’évacuer des populations civiles s’est ainsi révélée un véritable traquenard. La proposition de Poutine était ainsi d’ouvrir des couloirs au départ de Kharkiv, de Kiev, de Marioupol. A priori nécessaire quand on sait qu’un million et demi d’Ukrainiens ont déjà quitté leur pays, et que toutes ces villes vont probablement être abondamment bombardées dans les prochains jours. Le problème, c’est que les corridors de Poutine allaient directement vers la Russie.

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Cette proposition, c’était tout bénéfice pour le Kremlin. Se donner le beau rôle en ouvrant ces couloirs qui permettaient l’évacuation des civils, c’était avoir les mains libres pour encore davantage de bombardements. Faire encadrer cette évacuation par l’armée russe, c’est se donner l’image d’un sauveur dans l’opinion russe et donner corps au récit selon lequel les Russes interviennent au bénéfice de la population ukrainienne sous le joug d’un pouvoir malsain, toxicomane ou nazi au choix. Enfin, assurer que ces réfugiés seraient sous son contrôle en territoire russe, c’est en prime se donner un moyen de pression supplémentaire vis-à-vis du pouvoir ukrainien. Ruse tellement grossière qu’elle ne pouvait quêtre rejetée.

Mais il y a pire encore. C’est l’affirmation de Vladimir Poutine selon laquelle cette décision était prise à la demande d’Emmanuel Macron. “Faux” a tonné la République française, le président n’a jamais demandé cela. “On va protéger les gens pour les emmener, ce n’est pas sérieux, c’est du cynisme moral et politique qui m’est insupportable” a estimé Emmanuel Macron dans une interview donnée la télévision.

Escalade militaire, escalade verbale, escalade économique aussi. La Russie a décidé de rembourser ses dettes en roubles à toute une série de pays qu’elle juge hostiles. Les États-Unis, le Royaume-Uni, l’Union européenne dans son ensemble. Ça concerne donc la France, mais aussi la Belgique. Voici alors la Russie qui efface sa dette et tente de frapper l’Europe au portefeuille. Comme une sanction en appelle une autre, l’escalade là aussi risque de se poursuivre. Il n’y a rien ce lundi soir, qui indique qu’on puisse envisager une désescalade dans les jours à venir. 

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Un édito de Fabrice Grosfilley