Les leçons du Covid, l’édito de Fabrice Grosfilley
Ce vendredi, Fabrice Grosfilley évoque dans son édito le baromètre désactivé suite au dernier Codeco.
C’est probablement le Comité de concertation le plus court de l’histoire des Comités de concertation. Une demi-heure, et même pas de conférence de presse. Une demi-heure, cela a suffi pour confirmer qu’à partir de lundi, le port du masque ne sera plus obligatoire dans les transports en commun.
Bon, nous sommes entre Bruxellois sur BX1, on peut donc se l’avouer : le port du masque n’était pas vraiment optimal depuis quelques semaines. De nombreux voyageurs avaient pris de l’avance sur le Comité dec oncertation. Même parmi les employés de la STIB, l’application de la consigne connaissait un succès variable. Et on peut le comprendre. C’est évidemment gênant de porter un masque toute la journée, même s’il faut rappeler que ce geste n’était pas destiné à vous protéger vous, mais à protéger les autres. C’est comme s’arrêter aux feux rouges. Ce n’est pas une question de liberté individuelle, c’est une question de respect et de protection pour les autres.
Cette opposition entre liberté individuelle et mesure collective aura ainsi suscité d’énormes crispations ces deux dernières années. Sur le masque, sur l’utilisation du Covid Safe Ticket, sur l’obligation de quarantaine, sur la campagne de vaccination, sur l’utilité d’une troisième dose, nous avons pu avoir de multiples et passionnés débats. Avec une fracture nette. Les partisans de la désobéissance, que ce soit pour le masque ou pour le vaccin, ne reconnaissaient plus la légitimité des consignes officielles. Et leur refus s’est le plus souvent accompagné d’une campagne de dénigrement. Contre les autorités politiques, contre les autorités scientifiques, contre les médias, etc. Comme si les décisions prises par la plupart des gouvernements du monde entier relevaient d’une sorte de grand complot plus ou moins organisé, piloté par les laboratoires pharmaceutiques.
Il y a quand même quelques pays qu’on ne peut pas soupçonner de participer à un quelconque lobbying pharmaceutique. La Chine ou la Corée du Nord par exemple. La pandémie est désormais bien présente en Corée du Nord, pays qui a refusé la vaccination et qui est donc en train de confiner sa population et de fermer drastiquement ses frontières. Alors bien sûr, ça n’empêche pas de se dire qu’il y a peut-être eu des erreurs, des décisions anxiogènes ou excessives dans la manière dont cette pandémie a été gérée chez nous. Ni de reconnaître que si une vaccination n’est pas obligatoire, on doit effectivement laisser le choix à chacun de ne pas se vacciner.
En revanche, se dire que tout était inventé de toutes pièces ou que le vaccin était plus destructeur que protecteur était une vraie dérive. Ces idées ont malheureusement traversé une bonne partie de la société belge. Se demander comment ces contrevérités ont pu devenir des convictions fermes, défendues avec passion et virulence n’est aujourd’hui pas du luxe. S’interroger sur le rôle des réseaux sociaux, sur les fausses informations qui y sont véhiculées, ou sur le discrédit des médias traditionnels non plus. Ce n’est pas une attaque contre les libertés individuelles, c’est un besoin de comprendre comment une partie de l’opinion a pu être aussi influençable. Ce qui a été possible hier avec la Covid-19 pourrait l’être demain sur n’importe quel sujet.
■ Un édito de Fabrice Grosfilley