L’équation budgétaire, l’édito de Fabrice Grosfilley

Ce mercredi, Fabrice Grosfilley évoque dans son édito le budget belge.

Elle n’est membre du gouvernement fédéral que depuis cinq jours, mais Alexia Bertrand s’apprête à vivre son baptême du feu. La question du déséquilibre budgétaire est désormais au centre de l’attention politique. Et même l’Europe s’en mêle.

Comme prévu, la Commission Européenne a bien fait les gros yeux à l’État belge pour son projet de budget 2023. La Belgique ne respecte que “partiellement” les recommandations européennes, écrit la commission. Une litote pour dire que nous sommes en train de sortir du cadre. À ce stade, ce n’est pas encore la catastrophe, mais ça ressemble quand même à un sérieux avertissement.

Cet après-midi à la Chambre, on a parlé de ce carton jaune brandi par la Commission européenne. Les représentants de la Commission sont venus présenter leurs conclusions. Les parlementaires leur ont répondu. Et Alexia Bertrand a écouté, avec des différences d’appréciation idéologiquement très marquées.

Coté socialiste : “Je ne vais pas m’attarder sur les présupposés idéologiques qui sous-tendent les avis de la Commission européenne, mais il ne serait pas inutile, de rappeler qu’en deux ans, nous avons subi deux crises d’une ampleur inattendue, et cela a un impact colossal sur nos finances publiques et notre économie. Il ne faudrait pas que l’on souffre collectivement d’une forme d’amnésie en voulant revenir à une orthodoxie budgétaire et ses conséquences qui seraient contre-productives“, a tonné Ahmed Laaouej.

Alors que du côté des libéraux flamands, le député Christian Leysen offrait un tout autre son de cloche : “Je suis très content qu’il y ait une Commission européenne qui ose une analyse transparente et appuie là où ça fait mal“. Entre les rouges francophones et les bleus néerlandophones ont une vision bien différente de notre situation budgétaire et une appréciation fort différente également de la manière dont on doit considérer les avertissements de la commission.

Le bras de fer entre les rouges et les bleus, c’est un grand classique de notre vie politique. Sauf que l’affrontement intervient sur un budget qui est déjà ficelé et sur lequel il y a déjà eu des différences d’appréciation, qualifiées d’erreur matérielle, entre le premier ministre et la secrétaire d’État au budget Eva De Blekker. Eva De Blekker a fini par démissionner, elle est désormais remplacée par Alexia Bertrand.

C’est Alexia Bertrand qui va devoir répondre aux remarques de la Commission et aux nombreuses questions qu’un parlement au bord de l’ébullition ne manquera pas de lui poser dans les jours à venir. Quand le parti du Premier ministre (l’Open VLD) n’est pas d’accord avec le principal parti de la majorité Vivaldi (le Parti Socialiste) sur une question aussi centrale que le budget, évidemment l’opposition boit du petit lait et souffle sur les braises.

La semaine prochaine, on va pouvoir tester le sens de la diplomatie d’Alexia Bertrand. Parce qu’il va en falloir de la diplomatie et de la nuance. Au Parlement bruxellois, l’ancienne cheffe de groupe était dans un rôle d’opposition, il fallait mordre. Maintenant qu’elle dans un gouvernement, elle se retrouve dans une double posture défensive. Elle va devoir défendre un budget qu’elle n’a pas vraiment fait, et en plus le faire sans se mettre son partenaire socialiste à dos. La bonne nouvelle dans tout cela, c’est que comparé aux polémiques sur Twitter ou ailleurs, cette discussion, c’est plutôt de nature à élever le débat.

■ Un édito de Fabrice Grosfilley

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23 novembre 2022 - 18h11
Modifié le 23 novembre 2022 - 18h11