Une formidable mobilisation : l’édito de Fabrice Grosfilley

Ce mardi, Fabrice Grosfilley évoque dans son édito la générosité belge à l’encontre des Ukrainiens.

Ils sont formidables les Belges. Formidable de générosité et de mobilisation. L’élan de solidarité vis-à-vis du peuple ukrainien est réellement impressionnant. On ne peut que s’en féliciter.

Ces exemples sont partout, autour de nous. Avec tous ces anonymes qui déposent des dons devant l’ambassade d’Ukraine à Bruxelles. D’autres, organisent des collectes pour envoyer de l’argent. On voit des gens organiser eux-mêmes le voyage jusqu’à la frontière polonaise ou roumaine. Avec des vivres pour le trajet aller et l’espoir de pouvoir ramener des Ukrainiens au retour. D’autres citoyens se proposent pour héberger des réfugiés. Une chambre par-ci, une chambre par là. Parfois même la promesse d’un travail. C’est la Belgique telle qu’on l’aime.

Bien sûr, cette mobilisation citoyenne est contagieuse. Elle pousse les autorités à se montrer à la hauteur de cet engouement. Le secrétaire d’État à l’asile et à la migration a ainsi plaidé pour qu’on accorde d’office à tous les citoyens ukrainiens une protection temporaire d’un an. Comprenez un statut spécial qui permettrait de résider dans tous les pays de l’union, sans devoir passer par une longue et, parfois compliquée, procédure de demande d’asile. La décision devrait formellement être prise au niveau européen ce jeudi. La SNCB et le ministre de la mobilité ont annoncé de leur côté que les Ukrainiens pouvaient emprunter le train gratuitement, comme l’avaient déjà décidé les chemins de fer allemands. Ce billet gratuit doit permettre aux réfugiés de traverser l’Europe et de rejoindre plus facilement un membre de leur famille qui se trouverait en France, au Luxembourg, ou plus loin en Europe. 

Alors, oui, tout cela est formidable. Et je ne fais pas de second degré, je suis vraiment admiratif. Mais j’ai malgré tout une question en tête. Pourquoi n’avons-nous pas été capables du même élan de générosité, lorsqu’il s’agissait d’accueillir ceux qui fuyaient d’autres guerres ? Qui venaient d’Irak, de Syrie, du Soudan. Pourquoi pouvons-nous être si généreux à certains moments, et si repliés sur nous-mêmes à d’autres occasions ? Parce qu’une guerre reste une guerre. Que celles qui se sont déroulées en Syrie ou en Irak, ces dernières années, n’étaient pas moins horribles, pas moins meurtrières que celle qui se déroule aujourd’hui en Ukraine. Qu’il n’y a pas de raison qu’un réfugié qui fuit la guerre ne soit pas traité de la même façon, quelle que soit la guerre qu’il fuit. 

■ Un édito de Fabrice Grosfilley