Le policier wallon tombé pour Bruxelles, l’édito de Fabrice Grosfilley
Ce vendredi, Fabrice Grosfilley évoque dans son édito les funérailles de Thomas Monjoie, le policier tué à Schaerbeek.
Sur place, une haie d’honneur. Et dans tous les commissariats du pays, une minute de silence. C’est ce matin qu’avaient lieu les funérailles du policier Thomas Monjoie. Avec une émotion qui va bien au-delà du cercle de ses proches ou de ses connaissances.
Thomas Monjoie, c’est le nom de ce policier qui a été poignardé il y a maintenant 8 jours alors qu’il patrouillait dans les rues de Schaerbeek. Dans la rue d’Aarschot pour être plus précis. Agressé au cri d’Allah Akbar, d’un coup de couteau mortel avec une motivation très claire de son assaillant : s’en prendre à des policiers, leur ôter la vie, pour le simple motif qu’ils sont des policiers. Un mélange de radicalisme religieux et de déséquilibre mental auquel Thomas Monjoie n’aurait jamais dû être mêlé.
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Ce matin, les proches de Thomas Monjoie lui ont rendu hommage. Son père, sa compagne, ses amis. Tous ont dit leur douleur et leur sentiment d’injustice. Beaucoup ont rappelé le caractère positif du jeune policier, son amour de la musique, les souvenirs qu’il laisse derrière lui, l’absence qu’il va falloir apprendre à dompter. Pas de politique. C’était le souhait de la famille du policier. Une cérémonie strictement privée, mais qui était malgré tout retransmise sur écran à destination de ses nombreux collègues qui avaient fait le déplacement.
Sur place, ils étaient près de 2000 policiers, en civil ou en uniforme, réunis pour une impressionnante haie d’honneur de plus d’un kilomètre de long. Une escorte de motards de la police. Et au même moment, dans de nombreux commissariats du pays, une minute de silence. C’était le cas à Charleroi, à Liège. Mais aussi en Région bruxelloise, en particulier devant la maison communale de Schaerbeek, en présence de la ministre de l’Intérieur, puisque Thomas Monjoie était un policier de la zone Nord.
Ce moment d’émotion, il dit d’abord beaucoup de l’onde de choc ressenti au sein des corps de police. Ce sentiment d’être vulnérable. Une cible potentielle. Et puis cette colère aussi liée à cette idée que le drame aurait pu être évité si la menace avait été évaluée différemment. On ajoutera une toile de fond qui est celle de policiers en sous-effectif, d’une zone Nord qui doit faire face à une violence de moins en moins contenue, en particulier dans le quartier de la gare du Nord, et d’une impression de laxisme dans le chef des magistrats ou des législateurs.
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La crise de l’asile, la toxicomanie, les trafics mafieux, le radicalisme, le désordre mental, les policiers sont confrontés à cela tous les jours. Et quand tous ces phénomènes se mélangent, c’est un choc difficile à encaisser. On ne dira jamais assez qu’il y a certes des brebis galeuses et des comportements inappropriés dans la police, et on continuera à le dire souvent. Mais il y a aussi des Thomas Monjoie, beaucoup de Thomas Monjoie, qui agissent en notre nom. Et c’est donc aussi une part de chacun d’entre nous, de la société que nous formons tous ensemble qui a été agressée à travers lui.
Et puis il y a un autre élément que j’aimerais mettre en avant ce soir. C’est l’origine de Thomas Monjoie. Originaire de Donceel, près de Waremme, en province de Liège. Ça, c’est le propre de très nombreux policiers qui travaillent en région bruxelloise. Ils viennent de Wallonie ou de Flandre pour gagner leur vie et assurer notre sécurité à nous, les Bruxellois. Et dans ce pays qui est le champion du monde de la division et des tentations autonomistes, c’est une réalité que Thomas Monjoie devrait nous aider à ne pas oublier. La frontière entre Bruxelles, la Flandre, la Wallonie, ce n’est pas une vraie frontière. Les liens émotionnels qui peuvent nous unir dans des jours comme aujourd’hui sont là pour nous le rappeler.
■ Un édito de Fabrice Grosfilley