Le grand défi, l’édito de Fabrice Grosfilley
Ce jeudi, Fabrice Grosfilley évoque dans son édito l’afflux conséquent de réfugiés ukrainiens en Belgique et à Bruxelles.
200 000. La Belgique pourrait accueillir jusqu’à 200 000 réfugiés en provenance d’Ukraine. Ce chiffre-là, personne ne l’avait vu venir. Il va falloir sérieusement y réfléchir.
200 000 personnes pour un pays de 11 millions d’habitants, ce n’est pas anodin. 200 000 personnes, c’est un 6e de l’agglomération bruxelloise. C’est plus que le nombre d’habitants de la ville de Bruxelles, de Schaerbeek ou d’Anderlecht. 200 000 personnes, c’est comme si on ajoutait d’un coup en Belgique l’équivalent d’une grande ville comme Liège ou Charleroi. Et que cette croissance de population devrait en plus se digérer en quelques semaines.
On comprend bien que le défi est aussi colossal qu’imprévu. Cet après-midi, à la Chambre, Sammy Mahdi, le secrétaire d’État en charge de l’Asile, a assuré qu’on n’abandonnerait pas les réfugiés, ni aujourd’hui ni demain. Belle déclaration sur l’honneur qui va devoir être suivie de faits. Parce que depuis quelques jours, l’accueil de ces réfugiés est clairement chaotique. Les files devant l’ancien hôpital Bordet indiquent une infrastructure qui est sous-dimensionnée et un office des étrangers apparemment débordé.
Ce n’est évidemment pas dramatique de faire la file pour s’enregistrer, à condition qu’on bénéficie d’un toit et des moyens de subsistances minimum, être logé, nourri, pouvoir se laver, avoir accès à des soins médicaux si nécessaire. Mais comme l’accès à ces services dépend de l’enregistrement, le serpent des réfugiés se mord la queue. Il n’est pas indispensable de s’enregistrer maintenant tout de suite, mais pour beaucoup d’Ukrainiens ça reste un passage obligé et relativement urgent.
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Pour l’État fédéral, c’est donc un peu un retour à la case départ. Celle d’une crise de l’asile, comme celle que nous avons connue en 2015 lorsque des centaines de personnes campaient au milieu du parc Maximilien dans l’attente d’un traitement de leur dossier. Ce matin, le gouvernement fédéral, les régions et les communautés ont donc annoncé leur intention de mieux se répartir les tâches. Une sorte de Codeco de la migration est ainsi en train de se mettre en place. Un second centre d’enregistrement ouvrira ses portes au Heysel, il en faudra sans doute d’autres en Flandre et en Wallonie.
L’étape suivante sera celle du logement. Pour l’instant, il est majoritairement assuré par des citoyens qui hébergent à domicile. Ça marchera quelques semaines, quelques mois. Mais ce système-là aussi finira par craquer. Nous avons 200 000 personnes de plus à reloger. L’équivalent d’une grande ville comme Liège ou Charleroi. Parce que c’est la capitale, c’est à Bruxelles que la plupart de ces réfugiés arrivent et s’installent. Et il serait juste qu’à l’inverse de ce qui se pratiquait en matière de migration dans les précédentes législatures, au Fédéral, on ne considère pas que la Région bruxelloise doit se débrouiller toute seule.
■Un édito de Fabrice Grosfilley