Le diable est dans les détails, l’édito de Fabrice Grosfilley

Ce mardi, Fabrice Grosfilley évoque dans son édito la nouvelle réforme du marché du travail.

Organiser la semaine de travail en 4 jours. Garantir le droit à la déconnexion. Imposer que les coursiers à vélo soient couverts par une assurance. Les décisions prises la nuit dernière par le gouvernement fédéral vont potentiellement chambouler la vie de millions de Belges. 

Commençons par un bon point. On dit souvent que le gouvernement de Croo était englué dans des querelles incessantes entre libéraux et socialistes, qu’il nous donnait souvent l’impression de faire du surplace. Cette fois-ci la surprise est positive. Certes, le dossier aurait pu aboutir un peu plus tôt, car il était déjà à l’ordre du jour vendredi, mais c’est un point de détail vu l’ampleur de cette réforme.

En Belgique, il y a un peu plus de 4 millions de salariés, c’est-à-dire, quatre fois plus que le nombre d’indépendants. Pour ces 4 millions de personnes, la dernière grande loi sur l’organisation du travail datait de 2013, et l’essentiel de la réglementation remontait même à 1978. Moderniser n’était pas du luxe. Même si en matière de droit du travail la tradition belge veut que ce soit surtout les partenaires sociaux qui aient la main. Ce n’est que lorsque des patrons et des syndicats se mettent d’accord que les politiques réforment. 

Avec cet accord, il sera ainsi désormais possible de prester sa semaine de travail en 4 jours à la place de 5. Attention, la durée de la semaine de travail ne changera pas : 38 heures ou 40 heures si elles sont compensées par des journées de repos supplémentaires. Pour les prester en 4 jours à la place de 5, il faudra que cela se fasse à la demande du salarié. Demande écrite valable pour une durée de 6 mois. L’entreprise pourra toutefois s’y opposer, mais devra expliquer pourquoi.

Depuis ce matin, vous entendez sûrement des opinions, pour ou contre cette réforme. L’important réside dans le caractère volontaire de la démarche. Et c’est la même chose pour le travail de soirée. Dorénavant, il est possible à titre expérimental entre 20 h et minuit, mais sur base volontaire et avec l’accord d’un syndicat. Cette notion de volontariat sera cruciale dans l’implémentation des mesures. Si ce principe est réellement respecté, ce sera une avancée, car ils trouveront un rythme qui leur convient. Si ces nouveaux horaires sont imposés, ce sera un recul en termes de vie sociale et familiale. L’appréciation qu’on peut porter sur cet accord de la nuit, va donc se jouer sur ce point précis. Et en l’occurrence pour les premiers concernés, ce n’est pas un point de détail. 

Un édito de Fabrice Grosfilley

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15 février 2022 - 18h19
Modifié le 15 février 2022 - 18h19