Le désordre Omicron, l’édito de Fabrice Grosfilley
Ce mercredi, Fabrice Grosfilley évoque dans son édito la difficulté pour l’enseignement de s’organiser face à la vague Omicron.
Faut-il changer les règles de quarantaine ? Faut-il autoriser des enfants cas contacts à retourner à l’école ? Faut-il fermer des classes, les rouvrir, promouvoir l’enseignement à distance ?
Faut-il remplacer les enseignants, y compris avec du personnel qui serait moins qualifié ? Faut-il acter que la désorganisation actuelle va peser sur la qualité des apprentissages et que tout le programme ne pourra pas être enseigné cette année encore ? Toutes ces questions, vous les avez sûrement entendues. Elles encombrent le bureau des ministres de la Santé et de l’Éducation depuis quelques jours. Et derrière eux, toute la communauté scolaire, les enseignants, les parents et même tous ceux qui, de près ou de loin, peuvent se sentir concernés par la propagation de la Covid-19.
Bref, ce qui se passe dans les écoles intéresse énormément de monde. Avec une vague de contaminations sans précédent. Qui est même supérieure à celle que nous avons connu en décembre dernier. Si l’on en croit les comptages du réseau catholique, plus d’un élève sur 4 manquait ce matin à l’appel dans les écoles fondamentales. Et coté adulte, un enseignant sur 5 et un directeur sur 10 étaient sous certificat, soit par ce qu’ils sont cas contact, soit parce qu’ils sont malades. Le débat est donc le suivant : peut-on lever le principe de la quarantaine, ou le raccourcir, pour favoriser le fonctionnement des écoles sans que cela soit une prise de risque inconsidérée qui amènerait le virus à circuler davantage. Ce qui voudrait dire plus d’élèves, mais aussi plus de professeurs contaminés.
Résoudre cette équation est tout sauf simple. Parce que si les services de soins intensifs sont effectivement moins sollicités avec le variant Omicron, cela ne veut pas dire que la Covid-19 soit devenue complétement inoffensive. Chaque jour, 330 nouvelles personnes entrent à l’hôpital. Il y a en ce moment 3438 patients dans les unités Covid et une moyenne de 25 décès par jour. Nous sommes sans doute ce mercredi dans un moment confus ou paradoxal. Après deux années d’efforts, on a évidemment tous envie de mettre l’épidémie derrière nous. La faible proportion de patients qui finissent aux soins intensifs nous donnerait presque l’impression que l’épidémie a désormais perdu de sa virulence et de sa dangerosité. Cette perception est un peu trop binaire, un peu trop enthousiaste pour correspondre vraiment à une réalité qui n’est ni toute noire, ni toute blanche. C’est ce que les Anglais appelleraient du wishfull thinking, une pensée un peu trop positive.