La sécurité n’est pas une option, l’édito de Fabrice Grosfilley

Ce mercredi, Fabrice Grosfilley évoque dans son édito la sécurité en matière de terrorisme et de trafic de drogue.

Une fusillade avec un mort. Un attentat en préparation. Un ministre de la Justice placé sous protection. Le trafic de drogue de plus en plus en violent. Tous ces dossiers ne sont pas liés les uns aux autres. Mais la question de la sécurité est en train de devenir ou redevenir une préoccupation majeure.

Ce matin, c’est dans le cadre d’une enquête sur la préparation d’un attentat terroriste que les policiers ont déclenché une dizaine de perquisitions dans la région d’Anvers. Dans l’une de ces perquisitions, à Merksem, les forces de l’ordre ont été accueillies par des tirs d’armes à feu. Les policiers ont riposté et tué un homme de 36 ans proche des milieux d’extrême droite. 

Ce soir, on sait que l’homme en question était le président d’un club de tir, et surtout un militant connu des thèses libertariennes, il faut le moins d’état possible pour permettre le maximum de liberté aux individus. Une doctrine qui prône la dérégulation et s’oppose à la correction des inégalités. Cet homme était aussi convaincu d’un prochain effondrement de nos sociétés et recommandait de se préparer à des affrontements sociaux en amassant des vivres et des armes.

Est-ce que la mouvance d’extrême droite à laquelle il semblait lié était en mesure ou pas de commettre réellement un attentat ? C’est la suite de l’enquête qui permettra d’en juger. Les importants stocks d’armes retrouvés aujourd’hui par la police démontrent en tout cas qu’on n’avait pas affaire à des idéologues en chambre, mais bien à des individus pour qui le recours aux armes à feu n’est pas considéré comme une difficulté. 

En parallèle à cette enquête qui vise l’extrême droite, le parquet fédéral est également en charge ces derniers jours d’une autre grosse enquête qui concerne une tentative d’enlèvement de Vincent Van Quickenborne. Là, ce sont les barons de la drogue qui sont suspectés. Une sorte de match retour ou de monnaies d’échange après les milliers d’arrestations ordonnées depuis le lancement de l’opération Sky ECC, il y a un an. Rien qu’à Bruxelles, 400 personnes ont été arrêtées. On a soudainement pris conscience de l’enracinement profond du trafic de drogue chez nous, des milliards de bénéfices qu’il génère, et des méthodes sans limites des trafiquants, qui pratiquent, l’enlèvement, la demande de rançon et la torture. 

Dans ce contexte, il est évidemment difficile de ne pas se considérer que la sécurité est aussi un enjeu de société. On aurait tendance à considérer qu’elle va de soi. Et que les vrais débats concernent le climat, le prix de l’énergie, le niveau de vie. Ces affaires nous rappellent que ce n’est pas le cas. Que notre sécurité a un prix. Que financer nos services de police et l’appareil judiciaire ne doit pas être une variable d’ajustement, et qu’à vouloir toujours moins d’état parce qu’on veut toujours moins d’imports, on finit par laisser toujours plus d’espace à ceux qui n’ont ni foi ni loi. 

Si toutes ces affaires n’ont pas de rapport entre elles, elles ont en revanche un point commun. Que ce soit le terrorisme d’extrême droite, le grand banditisme et le trafic de drogue, mais on peut aussi y ajouter le terrorisme islamiste qui nous a durement frappé il y a quelques années, celui de l’extrême gauche des années 80, ou toute autre attaque qui pourrait provenir d’une puissance étrangère.  Tous veulent l’effondrement de ces structures qui nous protègent. La police, la justice, l’armée, mais aussi la législation en général, l’école, la sécurité sociale.  Cet ensemble de règles qu’on aime si souvent critiquer, mais qui finalement nous permettent de faire société. 

■ Un édito de Fabrice Grosfilley