La sécheresse s’installe, l’édito de Fabrice Grosfilley

Ce mardi, Fabrice Grosfilley évoque dans son édito l’indice de sécheresse de l’IRM classé “extrêmement sec” sur le territoire bruxellois, mais pas que.

Faut-il craindre la sécheresse ? Et cette éventuelle sécheresse est-elle un phénomène auquel nous allons devoir nous habituer ? Quand on scrute le ciel ces jours-ci, ce sont deux questions que nous sommes en devoir de nous  poser.

25, 26, 27 degrés. Le thermomètre n’arrêtait pas de monter aujourd’hui. À 15 h, on enregistrait 26,8 degrés sur le site de l’IRM à Uccle. Côté précipitation, le calme plat. Pas une goutte. Demain, on annonce le même type de temps. Des nuages élevés et des températures qui flirtent avec les 30 degrés. Pour beaucoup d’entre nous, ça peut ressembler à une bonne nouvelle. On adore Bruxelles sous la pluie, c’est entendu. On ne déteste pas la froidure de l’hiver, le givre, les étangs pris par la glace. Mais on aime aussi quand le temps est sec et que thermomètre et baromètre indiquent la direction du sud.

Bon, le problème de cette vague de chaleur, c’est surtout qu’elle s’accompagne d’un sérieux déficit en précipitation. Au mois de mars, il est tombé 30 fois moins d’eau qu’en temps normal. En avril, c’était moins de la moitié. Et pour l’instant, le mois de mai est sur la même tendance. Combinez à un vent qui assèche les cultures, il y a désormais péril en la demeure pour les agriculteurs. Les récoltes ne seront pas bonnes en 2022, c’est ce qu’on appelle une sécheresse de surface.

À lire aussi : Le territoire bruxellois classé “extrêmement sec” selon l’indice de sécheresse de l’IRM

En ce qui concerne les nappes phréatiques, le constat est pour l’instant moins alarmant. Les réserves en profondeur ont eu l’occasion de se gonfler au cours de l’automne et de l’hiver dernier. La réunion de crise de la cellule wallonne aujourd’hui a d’ailleurs estimé qu’il n’était pas nécessaire de prévoir des mesures de restriction, à la différence de ce qui peut se faire en Flandre-Orientale ou dans certains départements français, on n’interdit donc pas à ce stade de laver sa voiture ou de remplir sa piscine.

Si je vous parle de la Wallonie, c’est parce que nous en sommes y sommes particulièrement liés. À Bruxelles, c’est Vivaqua qui nous fournit en eau potable. Avec 26 sites de captages, dont une majorité se trouvent en province de Liège ou de Namur, on peut dire qu’en ce qui concerne les ressources en eau, les Bruxellois, comme les Flamands d’ailleurs, sont dépendants des Wallons. En matière de ressources naturelles le fédéralisme et la régionalisation ne coulent pas de source.  Ne pas se soucier de ce qui se passe au sud de chez nous, ce serait être un bien mauvais gestionnaire.

Ce stress autour de nos réserves en eau, il peut vous paraître un peu incongru. Surtout après l’été 2021 où nous avons littéralement été submergés de trombes d’eau. Ces inondations qui ont fait 39 morts en Wallonie, vous vous en souvenez sûrement. Le contraste entre l’été 2022 et ce printemps 2021 est saisissant. L’excès de précipitations en juillet dernier, l’aridité 9 mois plus tard. C’est un excellent rappel de ce qui nous attend dans les décennies à venir… Car ce n’est pas seulement de réchauffement climatique dont il faut parler, mais bien d’un dérèglement, qui se traduira par la répétition de ces phénomènes extrêmes.

Un édito de Fabrice Grosfilley