La paix reste loin, l’édito de Fabrice Grosfilley
Ce vendredi, Fabrice Grosfilley évoque dans son édito les décisions européennes face à l’offensive russe.
Des déclarations diplomatiques d’un côté, des bombardements militaires de l’autre. Un sommet à Versailles, des négociations en Turquie, et sur le terrain un constat : l’armée russe continue de grignoter du terrain, elle ne renonce pas à son offensive.
L’une des images de la journée sera probablement celle de ces frappes russes qui auraient touché un établissement pour personnes handicapées. Les faits se seraient produit à Kharkiv, la deuxième ville du pays, dans l’est de L’Ukraine. J’emploie le conditionnel puisque l’information est donnée par les services ukrainiens et n’a pas encore été vérifiée par une source indépendante. Pas de victime, mais 48 heures après le bombardement d’un hôpital pédiatrique à Marioupol, c’est une nouvelle alerte qui doit faire craindre le pire pour la population. Les infrastructures civiles ne sont en rien épargnées par les bombardements.
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C’est dans ce contexte qu’intervient donc une déclaration qui se voudrait apaisante de la part de Vladimir Poutine, qui indiquait ce midi qu’il enregistrait des avancées positives dans ses discussions avec l’Ukraine. Quelles avancées, on ne sait pas. Et le problème est que les déclarations de Vladimir Poutine se sont révélées tellement éloignées de la réalité de ses décisions ces dernières semaines qu’il est désormais impossible de lui faire confiance. C’est d’autant plus vrai qu’outre ces bombardements qui se poursuivent, on a pu avoir confirmation aujourd’hui que la société Wagner était en train de recruter des volontaires syriens pour aller se battre en Ukraine. Il est difficile de croire qu’on négocie vraiment quand on recrute des mercenaires, et que ceux-ci sont particulièrement connus pour ne pas faire dans la dentelle.
C’est dans ce contexte que les 27 chefs d’État et de gouvernement de l’Union européenne ont décidé de nouvelles mesures de rétorsion aujourd’hui à Versailles. Parmi celles-ci, il y a notamment l’augmentation de l’enveloppe budgétaire allouée à l’Ukraine pour lui permettre d’acheter des armes et des munitions. C’est tout le paradoxe de la position européenne : ne pas intervenir pour ne pas donner l’impression que nous sommes nous-mêmes en guerre contre la Russie, mais aider les Ukrainiens à résister pour qu’ils puissent s’opposer à l’avancée russe.
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Ce château de Versailles, c’est l’endroit où on avait négocié le traité qui mettait fin à la Première Guerre mondiale en 1919. Un traité qui retirait certains territoires à l’Allemagne vaincue et lui imposait de payer de lourdes réparations financières aux vainqueurs. On connaît la suite : cette humiliation de l’Allemagne allait alimenter la rancœur qui permettrait à Hitler d’accéder au pouvoir. Cette leçon, il ne faut pas l’oublier. Il n’y a de véritable négociation et d’accord tenable que si on respecte son adversaire. Et pour l’instant, entre ces trois acteurs que sont la Russie, l’Ukraine et l’Union européenne… On en est assez loin.
■ Un édito de Fabrice Grosfilley