La désillusion des sanctions, l’édito de Fabrice Grosfilley
Ce vendredi, Fabrice Grosfilley évoque dans son édito les sanctions européennes à l’encontre de la Russie.
Comment sanctionner la Russie de Vladimir Poutine ? Est-ce que ces sanctions ont du sens ? Et surtout, est-ce qu’elles pèsent suffisamment lourd pour espérer faire pression sur le pouvoir russe ?
Depuis hier, cette question taraude donc les Européens. Puisqu’il a été clairement dit que nous n’enverrions pas de soldats en terre ukrainienne, la question des sanctions est aujourd’hui la seule réponse que nous pouvons opposer à l’offensive militaire. Et la plupart des éditorialistes, ce matin, sont assez clairs sur la question. Nos sanctions ne sont pas vraiment à la hauteur de l’agression subie par les Ukrainiens. Pire, elles ressemblent à une piqûre de moustique sur le dos d’un éléphant. L’éléphant a donc chargé et la charge ne va pas s’arrêter.
► Le Duel | Georges Dallemagne : “Nous ne donnerions pas d’armes à l’Ukraine, ce serait choquant”
Parce qu’au-delà des mots annoncés, qu’on va bloquer les avoirs de Vladimir Poutine et de son ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, sont finalement des sanctions très faibles. Est-ce qu’on croit vraiment que ne plus avoir accès à un compte en banque ou même à une villa qui serait sur le territoire européen va changer la donne ? Que Poutine et Lavrov vont rappeler leurs chars pour pouvoir aller faire un tour sur les rives du lac de Côme ? Ou que suspendre l’exportation de matériel sensible va réellement handicaper l’armée russe, comme si elle n’avait pas des ingénieurs et un complexe militaro-industriel à sa disposition ?
► À lire | La Région bruxelloise suspend les licences d’exportation vers la Russie
Jusqu’à présent, on ne parle donc pas d’embargo. Gaz russe, céréales russes, vodka… À l’exception du pétrole, tout ce commerce peut se poursuivre. La Russie n’a même pas été exclue du système Swift, qui permet de valider des échanges bancaires internationaux. “Des sanctions peut-être, mais à condition qu’elles ne touchent pas notre train de vie”, semble être la devise occidentale. Des belles paroles, mais peu d’actes concrets. Et l’appel du présent ukrainien Volodymyr Zelenksy, qui s’est adressé ce vendredi directement aux citoyens européens qui ont une expérience du combat pour leur demander de venir directement en Ukraine pour combattre aux côtés de l’armée ukrainienne, en est une cruelle confirmation. C’est parce qu’il n’obtient pas l’aide des États que le président ukrainien en est réduit à s’adresser directement aux citoyens. Pour tous ceux qui croient que l’Europe est capable de se lever pour défendre la démocratie, c’est une terrible désillusion.
■ Un édito de Fabrice Grosfilley