Gouvernement bruxellois : prudentes confirmations, l’édito de Fabrice Grosfilley
Ce jeudi, Fabrice Grosfilley évoque dans son édito le bilan du gouvernement bruxellois à mi-législature.
Comment gouverner quand tout est incertain ? Le Covid-19 et la guerre en Ukraine, l’incertitude économique et les gigantesques défis sociaux qui risquent de nous exploser à la figure. Le gouvernement bruxellois est confronté à cette réalité. Il avance désormais sur des sables mouvants.
Ce matin, ce gouvernement a donc voulu présenter une sorte d’état des lieux à mi-législature. D’un côté, ce qui a déjà été fait. Et de l’autre, ce qui reste à accomplir. Une manière de tirer un bilan, que les ministres trouveront toujours globalement positif, mais aussi de donner une feuille de route avec les grandes priorités qui sont devant nous. Cette conférence de presse avait été par deux fois reportée. Elle avait un caractère un peu solennel. Parce qu’à la différence du gouvernement fédéral, l’exécutif bruxellois n’organise pas toujours de point presse après une réunion de gouvernement. Pouvoir voir les ministres bruxellois tous ensemble derrière la même table, ça reste assez rare.
Que retenir de cette conférence de presse ? Tout d’abord qu’il n’y a pas eu de grandes annonces spectaculaires. Le gouvernement bruxellois s’en tient à son accord de gouvernement. Il confirme ainsi quelques grands engagements. On vise toujours un taux d’emploi de 80 % pour 2030. L’équilibre budgétaire, hors investissements stratégiques, est toujours annoncé pour 2024. Les travaux du métro vont se poursuivre au rythme convenu, il y aura dès cette année un plan de lutte contre le racisme. Le projet de conventionnement, qui permettra aux propriétaires qui respectent les loyers de références d’avoir accès à certaines primes pour la rénovation, est toujours sur les rails. Il y a même eu un accord sur un nouveau plan taxi qui devra être voté avant l’été. Bref, pas de révolution, rien que de prudentes confirmations.
Évidemment, dans ce genre d’exercice, on ne parle pas des sujets qui fâchent. Rien sur l’interdiction de l’abattage rituel, qui a été renvoyé vers le Parlement régional, avec le risque d’une majorité alternative. Rien sur les projets de construction de logements qui se heurtent aux résistances environnementales, sur la friche Josaphat ou le site du chant des Cailles. Et rien non plus sur les polémiques du passé, le pass sanitaire, la taxe kilométrique intelligente qui a cette fois-ci bel et bien disparue de la feuille de route gouvernementale.
S’il n’y a pas de surprise, le gouvernement bruxellois peut malgré tout se targuer de garder le cap qu’il s’était fixé avant l’apparition des sables mouvants. Parce que les deux ans et demi que nous venons de vivre, avec la crise du Covid d’abord, la guerre en Ukraine ensuite, ont donné à cette législature une tournure qui n’était absolument pas prévue. La vie politique ressemble rarement à une autoroute et le gouvernement bruxellois est loin d’avoir la berline la plus luxueuse, mais on ne pouvait pas imaginer qu’on se retrouverait à devoir faire du hors-piste à ce point. Gérer une pandémie, gérer l’explosion des prix des carburants, pour l’instant la Région bruxelloise arrive à faire face.
Le gouvernement de Rudi Vervoort a donc toutes les apparences d’une tortue. Ce n’est pas l’animal le plus charismatique, mais sa carapace résiste aux chocs et il avance à son rythme. Est-ce que cette tortue bruxelloise franchira la ligne d’arrivée de 2024 en ayant réellement bouclé son programme ? C’est une question pour laquelle on n’a pas encore de réponse. Ce qu’on pressent en revanche, c’est que la liste des imprévus n’est pas forcément terminée. Et que si elle ne veut pas faire mentir la fable de La Fontaine, la majorité bruxelloise aurait fortement intérêt à se monter un peu plus soudée.
■ Un édito de Fabrice Grosfilley