Fédération Wallonie-Bruxelles : réforme indispensable, l’édito de Fabrice Grosfilley
Ce jeudi, Fabrice Grosfilley évoque dans son édito la manifestation qui a réuni quelques milliers d’enseignants dans les rues de Bruxelles.
Au moins 5000 enseignants place Surlet de Chokier. Un mouvement de grève qui a touché de nombreux établissements, de la maternelle aux supérieures et qui associait aussi bien les enseignants, que les directeurs ou le personnel technique. Cela fait plus de 10 ans qu’on n’avait pas vu un tel mouvement dans le monde de l’école.
Ce mouvement de grogne, il a donc des racines multiples. Un certain ras-le-bol lié à la Covid-19. Les protocoles qui changent souvent, le danger de la contamination, le port du masque en classe, les élèves qui décrochent, les parents plus agressifs que jamais. Mais aussi la pénurie d’enseignants, les difficultés à se faire remplacer, les classes surchargées. Les réformes comme le pacte d’excellence qui remettent en cause les routines dans lesquelles vous êtes installées, et puis bien sûr les revendications salariales, la question du pouvoir d’achat et l’aspect symbolique qui peut en découler, dans une société où c’est la rémunération qui mesure la considération.
Ce cocktail de revendications, il est tout à fait légitime qu’il s’exprime. Cette action groupée de tous les acteurs de l’enseignement témoigne d’un mal-être généralisé qu’il ne faut pas prendre à la légère. Et pourtant, si on regarde les choses avec lucidité, les manifestants ne pouvait pas attendre de réponse très positive de la part du gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Pas parce que les revendications des 120 000 enseignants seraient indignes d’être écoutées. Mais simplement parce que les caisses sont vides, et qu’il paraitrait irresponsable d’engager de nouvelles dépenses dans les circonstances actuelles.
Aujourd’hui, le budget annuel de la Fédération Wallonie-Bruxelles tourne aux alentours de 12 milliards d’euros. Près des ¾ de cette somme servent à rémunérer les enseignants. Et chaque année, on creuse le budget de près d’un milliard de déficit. La dette est déjà de plus de 8 milliards. Il va donc falloir réagir, c’est inévitable. Augmenter le salaire des enseignants n’est donc pas à l’ordre du jour. Ce qui pourrait l’être très rapidement si on n’y fait pas attention, c’est plutôt la réduction du nombre d’enseignants ou le rabotage des budgets consacrés à la RTBF, à la culture, à l’enfance, au sport.
Alors oui, la situation budgétaire de la Fédération Wallonie-Bruxelles est très préoccupante. À tel point que faire glisser ces politiques vers la Région wallonne et la Région bruxelloise est une porte de sortie régulièrement envisagée. En couplant Fédération et Région, on peut espérer des synergies, des économies d’échelle. Ce serait compliqué à mettre en place et peut-être pas suffisant. “Il faut un électrochoc” disait ce matin Pierre-Yves Jeholet, le ministre-président de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Ce terme-là, les manifestants d’aujourd’hui n’avaient probablement pas envie de l’entendre.
►Grève des enseignants : les écoles s’adaptent
■Un édito de Fabrice Grosfilley