Faire démarrer la voiture Vivaldi, l’édito de Fabrice Grosfilley
Ce lundi, Fabrice Grosfilley évoque dans son édito les trois questions autour de la limitation du prix de l’énergie.
Limiter le prix de l’énergie : troisième round. Ce soir, le Premier ministre réunira, à nouveau, un kern sur la question. Et, nous ne sommes même pas sûr, que ce sera le clap de fin.
Depuis 2 semaines, on entend nos ministres dire qu’il va falloir agir pour limiter l’impact de la hausse des prix de l’énergie. Il n’y a au sein de la majorité Vivaldi aucun parti qui ne dit l’inverse. Il faut dire que les prix sont montés tellement haut, qu’il serait indécent de ne rien faire. Pour l’instant, c’est le consommateur qui paye et l’État qui engrange par le biais d’une fiscalité qui est loin d’être indolore. Tout le monde s’accorde à dire qu’il serait juste de rétrocéder une partie de ces gains inattendus.
Derrière cette unanimité de façade, il y a pourtant 50 nuances de prix. Effectivement, il y a 50 manières différentes de baisser les prix. Est-ce qu’on le fait de façon temporaire ou permanente ? Une première question qui est loin d’être anecdotique. Dans un monde qui se veut en transition, baisser les prix de l’énergie de manière durable ou définitive pourrait être particulièrement contre-productif. La logique de ces dernières années était plutôt de taxer plus ceux qui polluent plus. Et ainsi, d’accroître la pression sur les énergies fossiles, et d’encourager à l’inverse les énergies moins polluantes et respectueuses du climat. Passer du jour au lendemain au raisonnement inverse peut paraître une hérésie intellectuelle. Mais ce serait politiquement irresponsable de ne pas l’envisager.
Deuxième question : accorde-t-on les mêmes réductions à tous les consommateurs ? Ou bien au contraire, utilisons-nous cette crise énergétique pour faire un peu de redistribution fiscale ? Le gouvernement d’Alexander de Croo a déjà osé un pas dans cette direction en instaurant un tarif social qui bénéficie aujourd’hui à une famille bruxelloise sur quatre. Le parti socialiste voudrait aller plus loin avec un tarif spécifique pour les classes moyennes inférieures. Un demi-tarif social en quelque sorte qui profiterait à tous ceux dont le revenu mensuel est inférieur à 3500 euros brut. Une mesure qui, si elle était acceptée, concernerait cette fois-ci près d’un foyer sur trois.
Enfin, dernière question : jusqu’où l’État est-il prêt à abaisser les tarifs ? Les Français par exemple vont diminuer la fiscalité sur les carburants automobiles de 15 centimes. Chez nous, on parle de 30 centimes. Si vous mettez ces trois questions ensemble : baisse temporaire ou pas ; pour qui ? ; et de quel montant ? Cela vous fait une équation à 3 inconnues. Ce n’est pas si facile que cela à résoudre. Et c’est ce qui explique que le gouvernement d’Alexander De Croo n’ait toujours pas embrayé. Le problème, c’est que les passagers de la voiture fédérale se sont tellement exprimés, qu’on ne comprendrait pas que la décision reste au point mort, et que le moteur de la hausse des prix continue de tourner. Sur les marchés internationaux, les prix sont déjà en train de descendre. S’il n’arrive pas à se décider, le gouvernement fédéral donnera l’impression de ne plus servir à grand-chose.
■ Un édito de Fabrice Grosfilley