Et à la fin, c’est la science qui gagne, l’édito Fabrice Grosfilley
Ce mardi, Fabrice Grosfilley évoque dans son édito un antiviral contre la Covid-19.
Vient-on de franchir un grand pas dans la lutte contre la Covid-19 ? Une découverte qui va peut-être permettre d’éradiquer cette pandémie ? C’est l’espoir suscité par les travaux d’une équipe de chercheurs… et ils sont belges.
Depuis deux ans, quand on vous parle de Covid-19, c’est rarement pour vous donner de bonnes nouvelles. Cette fois, on va vous rassurer tout de suite : cet éditorial ne sera ni alarmant, ni déprimant, encore moins lugubre ou désespérant au contraire, il est plutôt enthousiasmant. On va vous raconter l’histoire d’un travail scientifique qui pourrait déboucher sur la fabrication d’un antiviral susceptible de bloquer la maladie.
Ce matin, une équipe de chercheurs de l’UClouvain a publié une étude sur les effets des acides sialiques sur la fameuse protéine “spike” de notre ami covid. La protéine “spike”, vous vous rappelez, c’est cette espèce de pointe qui permet au virus de rentrer dans nos cellules. Pour que la protéine “spike” pénètre dans nos cellules le virus, explore la surface de celles-ci jusqu’au moment où la protéine trouve la porte d’entrée. En ce qui concerne les acides sialiques, c’est une sorte de sucre qui se trouve sur la surface de nos cellules. L’un de ces sucres a la particularité d’empêcher la protéine “spike” de trouver des points d’accroches. Ainsi, le virus glisse sur nos cellules, il ne peut plus s’accrocher ni trouver de porte d’entrée.
Dans les expériences qu’ils rendent publiques aujourd’hui, les chercheurs de l’UClouvain ont réussi à faire en sorte que le virus une fois dans notre organisme ne puisse plus trouver l’accès à nos cellules. Il ne peut plus se reproduire et disparaît au bout de quelques heures. L’infection de Covid-19 est donc enrayée. D’après les chercheurs cet acide sialique devrait pouvoir être incorporé à un antiviral. Celui-ci pourrait même être administré par aérosol et agir directement sur nos voies respiratoires, là où la Covid-19 est la plus dangereuse. Il suffirait de prendre cet aérosol rapidement après l’infection ou après un contact à hauts risques pour être protégés. Avantage ultime de ce procédé : il serait applicable quel que soit le variant auquel on a affaire.
Alors bien sûr, il faudra plusieurs mois, peut-être un an ou deux avant que cette découverte ne se traduise concrètement par un médicament qu’on trouvera dans nos pharmacies. Mais c’est un pas supplémentaire vers une domestication, si je peux employer ce terme, de la Covid-19. Les remèdes sont en train d’arriver. Et au moment où la Chine confine des millions d’habitants à Shanghai ou à Pékin, l’idée que la science progresse à une vitesse grand V est rassurante. Nous ne sommes pas à l’abri de rien, ce qu’endurent les Chinois est en train de nous le rappeler. Mais l’hypothèse que nous soyons très bientôt en capacité de stopper la Covid-19 au sein de nos organismes n’est plus une vue de l’esprit. Il faut souligner que cette réponse est en train d’être trouvée par des scientifiques, pas par des charlatans. Parce que cette bataille se gagne dans les laboratoires et pas sur les réseaux sociaux.
■ Un édito de Fabrice Grosfilley