Énergie : le comparateur gouvernemental, l’édito de Fabrice Grosfilley

Ce lundi, Fabrice Grosfilley évoque dans son édito la réunion entre le Premier ministre et les fédérations patronales concernant le prix de l’énergie.

Trouver la parade. Essayer de limiter les dégâts. Répondre aux attentes des citoyens. Sur le dossier de l’énergie, le monde politique s’agite dans tous les sens. Pour l’instant, les résultats semblent assez maigres.

C’est le sujet numéro 1 de la rentrée. Celui du prix de l’énergie. À la une de la presse, à longueur de journaux télévisés, sur les réseaux sociaux et dans la vraie vie. À l’heure où je prononce cette chronique, le Premier ministre est en réunion avec les représentants des entreprises. Objectif : trouver des pistes qui leur permettraient d’alléger la facture énergétique, sans que cela coûte ne pour autant pas un bras à l’État. Mesures ciblées, tarifs préférentiels, aides directes ou indirectes, de nombreuses pistes sont sur la table.

Cette réunion, ce n’est pas la première et ce n’est sûrement pas la dernière. Ce que l’on attend du politique aujourd’hui, c’est qu’il vienne au chevet de tous ceux qui sont en difficulté, qu’il s’agisse des entreprises ou du consommateur lambda. On rappellera quand même que pour pouvoir agir, le politique a besoin de leviers. Intervenir sur les prix, contraindre les producteurs à rogner sur leurs plantureux bénéfices, délier les cordons de sa bourse pour verser des subsides :  toutes les réponses passent par une intervention plus forte des pouvoirs publics, et on ne peut pas exiger aujourd’hui plus d’État parce que ça va mal, alors qu’hier, on criait moins d’État quand tout allait bien.

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On ne préjuge pas des résultats de la réunion de ce soir. Mais depuis quelques jours s’installe quand même une impression de faiblesse politique. Si on regarde chez nos voisins : l’Allemagne met en route un super plan de 65 milliards d’euros, qui comprend des chèques énergie pour les étudiants et les retraités et une allocation loyers qui sera versée à deux millions d’Allemands. La France a installé un bouclier tarifaire qui maintient les prix de l’énergie et donc aussi l’inflation sous contrôle. L’Espagne et le Portugal bloquent les prix du gaz. En s’en remettant à une décision européenne, le gouvernement belge est sans doute réaliste. Mais ce réalisme illustre la faiblesse des moyens dont disposent les décideurs, avec le risque d’indisposer le consommateur. Et le consommateur, c’est l’électeur.

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Ce lundi, l’opposition a donc commencé à donner de la voix. Les Engagés se sont retrouvés à Namur pour réclamer un électrochoc, comprenez un blocage des prix. DéFi de son côté, réclame une réunion d’urgence au Parlement fédéral. Le PTB souhaite la même chose et estime que la taxation des superprofits est bien trop timide. Hier, on avait déjà entendu Bart De Wever pour la N-VA qui affirmait que les caisses étaient vides. Le constat est là : jusqu’à présent, on s’est beaucoup déchirés en interne au sein de la coalition Vivaldi, désormais, ce sont les opposants qui donnent de la voix.

Pour le gouvernement fédéral, il y a donc désormais urgence. Parce que la prolongation de mesures déjà existantes n’apparait pas comme une réponse à la hauteur de la crise. C’est peut-être injuste parce que ces mesures coûtent cher et qu’elles protègent en partie les plus faibles (pour rappel, une famille bruxelloise sur trois bénéficie du tarif social, ce n’est pas rien.). Mais dès qu’on compare avec les voisins, on ne peut qu’avoir le sentiment que notre gouvernement procrastine. Qu’il est en retard. Que ses mesures ne visent pas assez haut. Et qu’après le temps de consultation, il doit désormais entrer dans l’action. Et surtout mettre toute son énergie au service des mesures à prendre. Plus dans des querelles de partis.

Un édito de Fabrice Grosfilley