Dérapages toxiques, l’édito de Fabrice Grosfilley

Ce jeudi, Fabrice Grosfilley évoque dans son édito le vote de ce vendredi en Région bruxelloise qui déterminera s’il sera interdit ou pas d’abattre un animal sans l’avoir étourdi.

Le débat sur l’abattage rituel, a-t-il ouvert une brèche dans laquelle s’engouffrent les propos racistes et les discours de haine ? Si l’on en croit les courriers et autres réactions sur les réseaux sociaux, la réponse est oui. Des parlementaires commencent d’ailleurs à s’en inquiéter.

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Parmi ces parlementaires, l’un d’entre eux a décidé aujourd’hui de publier des extraits de mails qu’il a reçus ces dernières semaines. Il s’agit d’Emin Ozkara, autrefois membre du Parti socialiste, mais qui siège désormais comme élu indépendant. Ce député bruxellois affirme avoir reçu près de 10 000 mails qui lui demandaient de revoir sa position sur ce dossier. Une déferlante où se mêlerait l’insulte, les propos islamophobes et menaçants et qui aurait même fini par avoir  raison de la santé du député, affirme le communiqué de presse.

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Bon. Qu’un élu reçoive des mails de protestation ou des pétitions qui ne vont pas dans son sens, c’est de bonne guerre, c’est la diversité des opinions, essentielle à la démocratie. Habituellement, ces élus ont d’ailleurs le cuir suffisamment épais pour ne pas se laisser impressionner. Mais le contenu de certains mails révélés par Emin Ozkara est quand même glaçant. Et il est sans doute d’intérêt public que nous sachions tous ce que certains citoyens se permettent d’écrire. Pas uniquement sur les réseaux sociaux qui servent de défouloir mais aussi lorsqu’ils écrivent à des représentants démocratiquement élus.

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Voici des extraits : « Votre position ne favorise pas l’intégration, ni la sympathie envers votre communauté.”

« On respecte les lois d’un pays et le bien-être animal, point barre. Pour les autres, l’aéroport est à 15 minutes de la Grand-Place.”

« Vous êtes sur les terres de l’Occident. Votre culture est une culture arriérée de centaines d’années ». 

« Les gens comme moi ne sont pas faits pour cohabiter avec des gens comme vous. »

“Vous êtes en fait des barbares sauvages avec votre stupide dieu et votre ridicule et minable prophète. »

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Emin Ozkara n’est pas le seul à avoir reçu ce genre de messages. Un petit coup de sonde m’a confirmé que plusieurs autres parlementaires avaient reçu des missives du même genre. Ce n’est pas nouveau, me dit l’un. C’est un peu plus que d’habitude, me glisse un autre. On ne veut surtout pas en faire la publicité, m’indique un troisième. Quand on voit la nature des propos que je viens de vous rapporter, on se dit que ces élus sont bien conciliants et qu’une prose ouvertement raciste mériterait pourtant d’être poursuivie.

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Dans le débat sur l’interdiction ou pas de l’abattage sans étourdissement, il y a des arguments qui sont tout à fait recevables. Ils concernent le bien-être animal ou la défense de la laïcité. Il y en a d’autres qui ne le sont absolument pas. Qui relèvent de l’insupportable au sens premier du terme. Demain, il ne faudrait pas que des arrières-pensées toxiques puissent planer sur le Parlement bruxellois. Et quel que soit le vote au fond que les députés ont envie d’émettre, il serait sain qu’ils prennent tous la peine de condamner explicitement ces dérapages nauséabonds. Pour que nous ayons, demain soir, la certitude que les votes émis en séance plénière ne puissent, en aucun cas, être interprétés comme une volonté, consciente ou inconsciente, de caresser les idées racistes dans le sens du poil.

Un édito de Fabrice Grosfilley