De droit ou de gauche, l’édito Fabrice Grosfilley
Ce vendredi, Fabrice Grosfilley évoque dans son édito les réformes du gouvernement.
Le gouvernement d’Alexander de Croo, est-il de centre droit ou de centre gauche ? Réussit-il à faire la synthèse entre d’un côté l’essor de notre économie et la bonne santé des entreprises, et de l’autre la protection de ceux qui y travaillent et une répartition plus équitablement les richesses ?
Ces questions ont été reléguées au second plan pendant plus de deux ans. L’urgence était à la gestion de la Covid-19. La question sociale était entre parenthèses. Il faut dire que notre économie était en partie gelée. Pourtant, même pendant cette période, c’est l’action politique, du gouvernement fédéral, de l’Union européenne, mais aussi de la région ou des communes qui a permis d’accompagner la crise. Si cela n’a pas fait débat, c’est parce qu’il y avait un relatif consensus sur le rôle correcteur qu’on attendait des pouvoirs publics.
Maintenant, que l’économie n’est plus sur le bouton pause, et que nous devons affronter d’autres difficultés, notamment la hausse du prix de l’énergie, des tensions sur le marché des céréales, la question sociale nous revient en pleine figure. Ce sont les actions syndicales organisées aujourd’hui sur le thème du pouvoir d’achat. Le débat sur une éventuelle réforme fiscale demain. Le financement des services publics, on parlait hier de la police fédérale.
On est en droit de se poser cette question. En matière de politique fiscale, d’économie, de social, de quel côté la coalition d’Alexander De Croo penche-t-elle ? Ce matin, le gouvernement a présenté une réforme des congés maladie de longue durée. Plus question de rester absent sans jamais rendre de compte. Le salarié absent pour maladie recevra une question. On lui suggérera de reprendre le travail dans des formules allégées, à temps partiel par exemple. S’il refuse de répondre ou de jouer le jeu, on le sanctionnera financièrement. L’entreprise qui compte un grand nombre de malades dans ses rangs s’exposera, elle aussi, à des sanctions.
Alors est-ce être de droite ou de gauche de prévoir ce mécanisme de sanction ? Probablement ni l’un ni l’autre. C’est juste s’assurer qu’un phénomène reste sous contrôle et qu’on est bien en mesure de combattre les abus de ceux qui profitent du système en profitant du secret médical. Parce qu’il y a aujourd’hui plus de 500 000 travailleurs en congés maladie depuis plus d’un an, et que cela pèse lourd sur les comptes de la sécurité sociale. Il n’y a aucun doute que dans la très grande majorité des cas, le travailleur sera réellement malade et dans l’incapacité de travailler. Ce qui rend la mesure équilibrée, c’est le fait qu’on puisse sanctionner les entreprises qui ont un taux anormalement haut de malades. On connaît tous des entreprises ou des services qui sont des usines à burn out, il est temps de s’attaquer au problème.
Cette réforme est sans doute importante, mais ce n’était pas la plus compliquée. Ce qu’on attend maintenant de l’équipe d’Alexander de Croo c’est de nous dire comment elle améliore le quotidien des citoyens et les protège d’une menace de crise économique. À ce stade, on ne voit pas très clair sur la direction que prendra ce gouvernement. Probablement que parler d’une politique de centre droit ou de centre gauche ne sera pas l’essentiel. Ce que le citoyen sait en revanche, c’est que la question du social et du pouvoir d’achat, c’est le cœur de la politique. Et qu’il n’y aura pas d’échappatoire, ce débat, on y arrive maintenant.
■ Un édito de Fabrice Grosfilley