Communication coup de poing, l’édito de Fabrice Grosfilley

Ce lundi, Fabrice Grosfilley évoque dans son édito la nouvelle campagne choc de Gaïa avec Jean-Claude Van Damme contre l’abattage sans étourdissement.

Jean-Claude van Damme fait-il de la politique ? La star des films d’action a en tout cas décidé d’intervenir sur un sujet éminemment politique, voire explosif. Un sujet où il y a un peu de cinéma et beaucoup de passion. L’interdiction ou pas de l’abattage sans étourdissement.

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Cette incursion de Jean-Claude Van Damme dans un débat de société, on la doit à l’association Gaïa. L’association de défense des animaux a mis en ligne dans l’après-midi une vidéo où l’on voit l’acteur prendre la parole à ce sujet.  Bonsoir, c’est Jean-Claude Van Damme qui vous parle. Je demande de tout cœur au Parlement bruxellois d’arrêter le sacrifice atroce des vaches et des moutons comme vos frères et sœurs de la Wallonie et des Flandres. Ce serait super. De tout cœur, je vous en supplie, merci beaucoup d’avance.“Deux versions, une en français, l’autre en anglais avec sous-titres en néerlandais. JCVD a des lunettes et un air grave. Les images sont prises avec un smartphone à la tombée du jour. Gaïa y a ajouté des vidéos d’égorgement d’animaux.

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Évidemment, dans un petit clip d’une trentaine de secondes, il ne s’agit pas d’entrer dans les subtilités du dossier. On parle de sacrifice atroce, point. Est-ce l’abattage tout court ou l’abattage sans étourdissement, est-ce qu’un étourdissement réversible serait ou pas acceptable pour JCVD, on ne le saura pas. Ce n’est d’ailleurs pas le propos. Ce qui importe pour Gaïa, c’est de continuer à porter le débat sur la place publique. La communication est émotionnelle et pas rationnelle. Mobiliser cet acteur mondialement connu, mais originaire de Bruxelles, est une opération de communication coup de poing. Avec Van Dame face caméra, on est dans le registre du crochetage-balayage, pas dans la dissertation philosophique. 

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Cette méthode de la vidéo choc est l’une des marques de fabrique de Gaïa. Avec un message en apparence adressé aux parlementaires, alors que le destinataire final est évidemment l’opinion publique. La publication de cette vidéo à 4 jours d’un vote en séance plénière est un moyen de faire pression sur les élus. Pression d’autant plus forte que le vote négatif en commission de l’environnement laisse penser que le texte a plus de chance d’être rejeté qu’adopté.

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D’ici à vendredi, il faut donc s’attendre à ce que ce dossier de l’abattage suscite encore d’autres prises de parole. Le débat est à ce point passionnel que les partisans et les opposants de l’interdiction ne vont évidemment pas se croiser les bras dans la dernière ligne droite. Ce climat émotionnel est assez inédit en politique bruxelloise. Outre cette communication à l’américaine à coup de pétitions ou de vidéos coup de poing, cela nous amène aussi à avoir un débat à la Française. Alors que la culture politique belge repose sur le compromis et la négociation, scrutin proportionnel oblige, nous avons ici un débat manichéen. C’est noir ou blanc, pour ou contre. Il y aura alors vendredi soir des gagnants et des perdants. Avec toutes les blessures qui vont avec. Ce sera vrai au sein du personnel politique, ceux qui auront pris part au vote, mais aussi dans toutes les catégories de populations qui se sont enflammées pour un camp ou pour l’autre. Abattage rime avec clivage. Ce débat va susciter de la rancœur. Ça, ce ne sera hélas pas du cinéma.

Un édito de Fabrice Grosfilley