Agressions : ce que disent les chiffres, l’édito de Fabrice Grosfilley

Ce mardi, Fabrice Grosfilley évoque dans son édito les attaques mortelles qui se sont produites presque simultanément à Saint-Gilles, Molenbeek-Saint-Jean et Anderlecht lundi soir.

3 agressions au couteau dans la même soirée. 3 faits qui n’ont pas de liens entre eux. Mais un bilan lourd avec deux morts et deux blessés graves. Et la confirmation que la sécurité dans une grande ville comme Bruxelles reste un enjeu sensible.

Pour ceux qui suivent l’actualité bruxelloise, la soirée d’hier avait toutes les apparences d’un cauchemar. Les pushs qui s’enchaînaient les uns derrière les autres pour annoncer des agressions à l’arme blanche avaient de quoi nous angoisser. Des attaques à Anderlecht, à Saint-Gilles, à MolenbeekÀ tel point qu’on a pu croire à un moment à une série d’attaques coordonnées. Heureusement, il n’en était rien, ce qui n’empêche pas de s’interroger sur la portée de ces violences.

La première attaque a été signalée à Anderlecht, le long du canal. Ce sont les faits les plus troubles à ce stade avec deux blessés graves. Malgré la mobilisation d’un hélicoptère, l’auteur des coups de couteau n’a pas été retrouvé. Le Parquet ne fait pas plus de commentaires dans l’intérêt de l’enquête. 20 minutes plus tard, un homme d’une vingtaine d’années était poignardé à Saint Gilles, place Bethléem, au cours d’une bagarre. À peu près au même moment, une autre bagarre avait lieu dans un centre pour sans-abris à Molenbeek. L’auteur du coup de couteau a pu être interpellé.

Notre reportage : Saint-Gilles : violence et trafic de drogue, le sentiment d’insécurité grandit autour de la place Bethléem

3 agressions simultanées, cela marque les esprits. Cela nous pousse aussi à nous interroger. Les rues de Bruxelles, sont-elles moins sûres qu’avant ? Ces agressions, sont-elles le révélateur d’une criminalité plus violente, d’une délinquance qui gagne du terrain ? Ces questions ne sont pas illégitimes. Même si on précisera qu’une agression n’est pas l’autre, que tous les milieux et tous les quartiers ne sont pas concernés de la même manière.

Si on regarde les statistiques de criminalité, il n’y a pas d’explosion de la violence en région bruxelloise. Les chiffres sont plutôt stables. Cela malgré l’augmentation constante du nombre d’habitants. Si on regarde l’indicateur des infractions contre l’intégrité physique, en gros les attaques contre les personnes, recensées par la police fédérale, il y en a eu 10 283 en 2021. Un peu plus de 10 000, c’est le chiffre qu’on observe chaque année depuis 2013 (sauf en 2016 et 2020 où il était légèrement inférieur.)

Si on se concentre sur les chiffres des procureurs fédéraux, il y a en 2021, 264 dossiers ouverts à Bruxelles pour des faits de meurtre ou d’assassinat. C’est le chiffre le plus bas enregistré depuis plus de 10 ans. On était à 326 dossiers en 2019, et on atteint régulièrement la barre des 350 homicides par an en Région bruxelloise. C’était le cas en 2006, en 2015, en 2016 par exemple. Ça représente donc presque un homicide par jour.

Évidemment, ces chiffres bruts ne disent pas grand-chose. Si ce n’est quand même qu’il n’y a pas une augmentation soudaine de la violence dans les rues de Bruxelles. Puisque jusqu’à l’an dernier, les chiffres étaient plutôt stables, ou même dans une légère courbe descendante. Et aussi que ce n’est pas à Bruxelles, mais dans l’arrondissement de Liège qu’il y a le plus d’homicides. Et pour ceux qui restent convaincus que Bruxelles est une ville particulièrement dangereuse, sachez aussi que c’est à Anvers qu’on ouvre le plus de dossiers pour des faits de drogues, et à Gand qu’il y a le plus de cambriolages. Ce qui n’empêche pas chaque meurtre, chaque agression, d’être une agression de trop. 

Un édito de Fabrice Grosfilley

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29 novembre 2022 - 17h44
Modifié le 29 novembre 2022 - 17h44