DéFI et le PS à couteaux tirés sur l’abattage rituel : l’édito de Fabrice Grosfilley
Ce jeudi, Fabrice Grosfilley évoque dans son édito l’abattage des animaux sans étourdissement.
Bernard Clerfayt l’avait annoncé. Le groupe Défi au Parlement bruxellois l’a confirmé. Le Parlement bruxellois va bien devoir débattre de l’abattage des animaux sans étourdissement.
Une proposition d’ordonnance en ce sens a donc été déposée ce matin par Jonathan de Patoul, député régional pour Défi. Le texte de cette proposition ne nous a pas été communiqué, mais il s’agirait d’un texte très proche de ceux qui ont été adoptés par la Région wallonne et la Région flamande. Si ce texte était voté, ce serait la fin de l’abattage rituel en Région bruxelloise. Une interdiction réclamée depuis longtemps par les défenseurs du bien-être animal. Mais une interdiction redoutée et combattue même par les communautés musulmanes et juives qui estiment que ces pratiques font partie de leur liberté religieuse.
Ce n’est pas la première fois que cette question est débattue à Bruxelles. L’importance numérique de ces deux communautés rend le débat sensible, électrique même. Lors de la formation du gouvernement bruxellois, il y a deux ans les partenaires de la majorité avaient constaté leur incapacité à trouver un terrain d’entente. Il y a quelques mois, Bernard Clerfayt avait essayé de faire passer un texte proposant cette interdiction au gouvernement bruxellois. Il s’était heurté au refus de certains partenaires, le Parti socialiste en particulier. Ce matin, c’est le lancement du troisième round, puisqu’il n’y a pas d’accord au gouvernement, on va devoir se compter au Parlement.
Il faut noter que la proposition de Défi a déjà le soutien de deux autres partis de la majorité Groen et l’open VLD. Est-ce que ce sera suffisant pour trouver une majorité ? Pas sûr. Du côté socialiste, on est déjà en train de monter aux barricades. Ridouane Chahid, le chef de groupe socialiste, fait savoir dans une réaction à l’agence belga, tout le mal qu’il pensait de cette proposition d’ordonnance. «Défi prend la responsabilité des éventuelles tensions qui pourraient naître au sein de la majorité. Il fut un temps où la voix de ce parti faisait de lui un partenaire crédible fiable et responsable, peut-être que ce temps est révolu ». Le chef de groupe socialiste appelle Défi à se concentrer sur les défis de l’emploi et de l’économie.
Voici donc une question qui électrise la majorité bruxelloise. Une de plus, serait-on tenté de dire ? Sauf que cette fois-ci, l’issue du vote est réellement incertaine. Le groupe Écolo risque de se diviser, les partis de l’opposition seront ainsi en mesure de faire pencher la balance d’un côté ou de l’autre. Finalement, il y aura forcément un des deux partenaires de la majorité qui perdra la partie, soit le PS, soit Défi. Et c’est le genre d’épisode, en plein milieu d’une législature qui risque de laisser des traces.
■ Un édito de Fabrice Grosfilley