200 millions pour l’énergie, l’édito de Fabrice Grosfilley

Ce mercredi, Fabrice Grosfilley évoque dans son édito des différents budgets de 2023.

Deux cents millions pour aider les Bruxellois à traverser la crise de l’énergie. C’est l’un des chiffres présentés ce matin par le gouvernement régional dans le cadre de son budget 2023. Et c’est probablement le chiffre que l’on retiendra et commentera dans les prochains jours. 

Deux cents millions, c’est une somme qui peut paraître modeste quand on la confronte aux trois milliards débloqués par le gouvernement fédéral.  Mais ce serait évidemment comparer des pommes et des poires. Le budget de la région bruxellois est de 7 milliards, celui du fédéral 250 milliards soit 35 fois plus important. Et surtout, le fédéral, avec la fiscalité, a bien plus de levier pour agir sur le prix de l’énergie et le pouvoir d’achat des ménages. Alors que les compétences des régions se concentrent sur le tissu économique, notamment l’aide aux entreprises ou aux artisans.

Sur ces deux cents millions annoncés par le gouvernement de Rudi Vervoort ce matin, 120 millions sont destinés aux entreprises, en particulier les plus petites d’entre elles, qui ne peuvent pas payer leur facture ou pour les aider à accélérer leur transition vers des énergies dont le prix sera moins fluctuant. Vingt-six millions devront aider le secteur non marchand, une somme équivalente sera débloquée à destination des communes et un autre paquet de 20 est destiné à renforcer l’action des CPAS, toujours dans ce cadre énergétique. 

Ce chiffre de deux cents millions est à comparer aux 430 millions débloqués par la région wallonne, ou aux 150 millions mis sur la table par le gouvernement de la fédération Wallonie-Bruxelles. Côté flamand, on parle de 400 millions d’aides directes et d’un milliard sous forme de prêt. 

Je ne vais pas vous étourdir avec trop de chiffres, mais sachez que le gouvernement Vervoort prévoit également de maintenir la trajectoire d’investissements prévus pour les transports en commun, construction du métro et augmentation des fréquences. Qu’on proposera bien un abonnement à 12 euros pour les seniors et que le prix des autres billets de la STIB ne seront pas augmentés. Qu’il y aura de l’argent pour les titres services, pour un plan emploi et pour l’indexation des personnels ACS. 

Et malgré tout cela, le gouvernement bruxellois estime que les recettes fiscales sont suffisamment bonnes pour qu’on puisse toujours parler d’un retour à l’équilibre budgétaire en 2024. Le déficit pour 2023 devrait tourner autour des 400 millions d’euros. Alors évidemment, dans l’opposition, on doute de la véracité et de la sincérité de tous ces chiffres. Et on trouvera probablement que les aides bruxelloises ne sont pas à la hauteur des enjeux. Cette constante du débat démocratique a quand même ses limites. On ne peut pas dire à un niveau de pouvoir, quand on y est, que les pouvoirs publics ne peuvent pas tout faire. Et à un autre niveau de pouvoir, quand on n’y est pas, qu’il faudrait des interventions beaucoup plus massives. 

Si on souhaite prendre un peu de hauteur par rapport à ce débat budgétaire, on rappellera deux éléments. Le premier :  si nous ne sommes pas militairement en guerre, nous le sommes énergétiquement et économiquement parlant. Cette guerre, ce sont des bombes sur l’Ukraine et des factures pour nous.  

Le deuxième élément, c’est que nos régions ne sont pas riches. Et que vouloir leur transférer de nouvelles compétences politiques, comme la santé, les sports, la formation professionnelle… si on ne l’accompagne pas de moyens budgétaires, cela risque bien de vider définitivement tous les portefeuilles. 

■ Un édito de Fabrice Grosfilley