L’édito de Fabrice Grosfilley : négociations budgétaires, une semaine pour réussir
Une réunion à 6 pour parler du budget. Hier soir, les négociateurs impliqués dans la préparation d’un budget pluriannuel se sont retrouvés en séance plénière. Une séance de travail qui a duré un peu moins de trois heures. De ce qu’on peut en savoir, elle n’a pas permis d’engranger d’avancées significatives : les principaux points de blocage n’ont pas été levés. Mais les négociateurs ont prévu de se revoir, toujours en séance plénière, tout au long de la semaine prochaine. David Leisterh, le formateur, devrait préparer d’ici lundi des notes complémentaires pour expliciter les points qui font débat.
Pourquoi vous mentionner cette réunion ce matin ? Tout simplement parce qu’on l’attendait depuis un petit temps. Ces dernières semaines, les séances plénières ont été rares dans cette négociation. Le formateur passe le plus souvent par la formule des bilatérales, des entretiens parti par parti. Cela permet d’éviter les tensions et d’approfondir les discussions en tête-à-tête — c’est l’avantage de la formule.
Dans une négociation, les compromis peuvent ainsi se dessiner lors des entretiens bilatéraux, mais il faut malgré tout repasser par la séance plénière quand on veut les acter et les couler dans le marbre devant tous les participants. Le problème dans cette négociation bruxelloise, c’est que l’ambiance en plénière reste tendue. Les négociateurs ne se font pas réellement confiance, et surtout, ils défendent des points de vue parfois diamétralement opposés.
De ce que l’on sait de cette négociation — avec toutes les réserves d’usage, puisqu’il n’y a d’accord sur rien tant qu’il n’y a pas d’accord sur tout —, elle devrait proposer effectivement beaucoup d’économies, à hauteur de 750 millions, mais aussi quelques bonnes nouvelles pour aider les Bruxellois dans leur quotidien. Une réduction de 1 % de la part régionale sur l’impôt des personnes physiques est ainsi envisagée. La réforme des administrations bruxelloises ferait également l’objet d’un consensus.
En revanche, il n’y a pas d’accord sur l’enveloppe que l’on réserverait à la mobilité et au logement : ce sont des points centraux. Pas d’accord non plus sur les tarifs préférentiels de la STIB — l’abonnement annuel à 12 euros pour les seniors et les plus jeunes — que les libéraux voudraient augmenter ou supprimer. Pas d’accord non plus sur une augmentation des titres-services, qui permettrait de mieux rémunérer les aides ménagères. Voici quelques-uns des points de blocage.
La rocambolesque démission avortée de Sven Gatz n’arrange évidemment rien. Officiellement, hier soir, les négociateurs n’en ont pas parlé. Mais en marge de la négociation, ce qui ressemble à un nouveau bras de fer est considéré comme explosif.
Si on résume l’affaire : la direction de l’Open VLD, Frédéric De Gucht, a bien tenté de faire remplacer Sven Gatz par un vote au sein du seul collège néerlandophone, en s’appuyant sur la seule N-VA. C’était donc une manière de contourner, de fait, le veto déposé par le PS à l’encontre du parti de Bart De Wever. Ça a failli réussir, mais ça n’a pas réussi. La première victime de ce coup tordu raté, c’est donc Sven Gatz lui-même, qui à ce stade ne peut toujours pas démissionner.
Hier en fin journée, le ministre lui-même semblait être à la recherche d’une solution. Il tentait de trouver la double majorité qui permettrait de le remplacer avec l’accord des francophones et des néerlandophones — la procédure classique, donc, qui associerait les deux communautés, contrairement à ce qu’avait tenté son chef de file, Frédéric De Gucht.
Il est inutile de vous dire que les relations entre Frédéric De Gucht et les autres négociateurs, notamment ceux du PS, qui étaient déjà glaciales, sont maintenant carrément polaires. Il n’est pas sûr que l’accession de Frédéric De Gucht à la présidence nationale de l’Open VLD, qui devrait être confirmée dans l’après-midi, soit de nature à apaiser les tensions.
La bonne nouvelle — parce qu’il y en a une —, c’est que les négociateurs aimeraient pouvoir aboutir en fin de semaine prochaine. Pourquoi à ce moment-là ? D’abord parce que ce sont les congés des néerlandophones qui débuteront. Ensuite, parce qu’après, il deviendra très difficile d’avoir un budget voté avant la fin de l’année si on dépasse cette date.
Ce n’est pas une date butoir, elle n’a rien d’officiel. Mais elle fixe un repère dans le temps. Elle oblige les négociateurs à avancer, sinon on devra bien finir par dire — et par écrire — que ces négociations font du surplace.





