Avis favorable de la commission de concertation pour la Galerie Bortier, sous conditions
La commission de concertation de la Ville de Bruxelles a rendu un avis favorable, sous conditions, pour la régularisation du changement d’affectation et divers travaux dans la Galerie Bortier.
La demande de permis unique, préparée par le bureau d’architectes LoMa, porte notamment sur l’installation de hottes, la modification d’aspects de la galerie classée, le placement d’enseignes et le changement de destination de plusieurs cellules vers des commerces avec consommation sur place.
Lors de l’examen le 23 septemebre dernier, la séance avait été particulièrement tendue. Libraires et associations ont exprimé leur opposition à l’implantation accrue d’horeca dans ce passage historique. “Il y a assez de food courts à Bruxelles. La Galerie Bortier doit rester un espace culturel”, a résumé une intervenante. Pour Inter-Environnement Bruxelles (IEB), la Régie foncière, propriétaire des lieux, outrepasse néanmoins sa mission publique. L’association rappelle que “les travaux ont commencé sans enquête publique” et que le changement d’affectation “fragilise un patrimoine culturel unique”. Elle plaide pour un plan de gestion patrimoniale et une offre culturelle renforcée, “autour du livre plutôt que de la cuisine”.
Les pouvoirs publics avaient souligné vouloir préserver une vocation culturelle, “autour du livre”, et a insisté sur une plus grande sobriété visuelle.
Plusieurs conditions
La commission de concertation a finalement renud un avis favorable, sous plusieurs conditions:
– Ne pas changer l’affectation de l’espace cellule E1 « KAWA CLUB », d’équipement en commerce mais de maintenir pour cet espace une affectation en équipement à vocation culturelle, en lien direct avec le livre, éventuellement avec Horeca pour autant que cela reste accessoire à cette fonction ;
– Pour ce qui concerne les activités HORECA dans la galerie, (Naanry, Bibine, Polpo, Gazzosa, Kawa Club), limiter et cadrer l’encombrement visuel et spatial dans le passage, il est à conseiller un mobilier très limité, coordonné et discret, dont le placement ne gêne pas la circulation et respecte la lisibilité du concept de la galerie/passage ;
– Désencombrer l’issue de secours (salle Madeleine vers galerie), qui compromet l’évacuation, même hors heures d’ouverture ;
– Respecter l’avis du SIAMU T.2005.1288/10 du 22/07/2025 , et notamment qu’un espace d’1.20m libre de tout obstacle, doit être maintenue dans les ailes de la galerie et qu’une analyse des risques d’incendie doit être menée. Cette analyse devra prendre en compte l’éventuelle occupation simultanée de la salle ‘Madeleine’ (située au 14 rue Duquesnoy) ;
– Désencombrer et libérer les impostes vitrées et grilles d’entrée de tout ajout inapproprié (films opacifiants, affiches, écriture au feutre), afin de rétablir la transparence et la lisibilité des vitrages, en cohérence avec le caractère patrimonial de la galerie ;
– prendre toute mesure nécessaire pour remédier aux nuisances olfactives en intérieur d’îlot;
– Remplacer les vitrines des cellules Les Sœurs et Dierendonc : Intervention réversible, préservant la transparence des devantures.
– Présenter et évaluer sur chantier un échantillon de la tôle (motif et teinte) avant mise en œuvre définitive afin de garantir transparence et intégration patrimoniale .
– Nettoyer (entretien) les éléments originels dans la galerie : avis favorable sous condition d’associer la Direction du Patrimoine culturel (DPC) à ces interventions relevant de l’entretien.
– N’ajouter aucun élément technique à ceux actuellement en place sans l’introduction d’une demande de permis préalable
► Reportage | Galerie Bortier : un concept toujours critiqué
La Galerie Bortier, passage couvert, datant du XIXe siècle et classé au patrimoine, relie les rues de la Madeleine et Saint-Jean et accueille des bouquinistes depuis près de 175 ans. Aujourd’hui, il ne reste que trois librairies actives. Depuis novembre 2024, plusieurs restaurants et bars y ont ouvert. Le promoteur Thierry Goor, porteur du projet, a défendu son dossier en rappelant avoir signé le bail en avril 2024 “alors qu’aucun permis n’était requis“, estimant qu’un changement législatif intervenu en septembre suivant l’avait contraint à déposer une demande ultérieure. Thierry Goor a expliqué que “sans Horeca, la galerie ne tiendrait pas”. Elle dénonce une mise en scène où elle se sent “faire-valoir pour les photos et le marketing”. Elle assure qu’“on nous a dit qu’il n’y aurait pas de cuisine, juste du catering” et redoute l’installation de caméras. “Je n’ai pas demandé à être filmée en permanence”. Elle ajoute encore que le volume sonore est devenu beaucoup trop élevé. “Du jazz et de la musique classique jusque 18h00”, répond Thierry Goor.
BX1 – Photo Belga





