Union Saint-Gilloise : entre rêve de grandeur et attachement populaire, le casse-tête du futur stade
La Royale Union Saint-Gilloise est au sommet du football belge depuis son retour en division 1 en 2021. Mais derrière cette réussite sportive se cache une autre bataille, plus silencieuse : celle d’un nouveau stade. Une double étude publiée ce 26 juin dans Brussels Studies décrypte les raisons de cette impasse et donne la parole aux premiers concernés : les supporters.
Le club historique, racheté en 2018 par des investisseurs anglais, rêve de modernité et d’Europe. Pourtant, six ans après les premières esquisses d’un déménagement, aucun projet concret n’a vu le jour. Une double étude publiée ce 26 juin dans Brussels Studies décrypte les raisons de cette impasse et donne la parole aux premiers concernés : les supporters.
► Notre dossier sur le stade de l’Union Saint-Gilloise
Le stade Joseph Marien, gardien de l’histoire de la Royale Union Saint-Gilloise
Dans leur première analyse, les chercheurs Olivier Paye, Loïc Cobut, Thomas Ermans, Lou Kervarrec, Youri Lou Vertongen et Thomas Laloux se penchent sur le blocage institutionnel autour du projet de nouveau stade. L’Union lorgne depuis des années sur un terrain de la commune de Forest, le site du Bempt, pour y construire une enceinte moderne conforme aux normes UEFA. Mais la superposition des compétences à Bruxelles, entre Région, commune et agences de planification, empêche toute décision rapide.
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Le club ne veut pas quitter Forest, berceau de son identité. Le stade Marien, adossé au parc Duden, est certes vétuste, mais il est aussi un symbole. Il est l’endroit où la légende de l’Union s’est construite. Là où les Saint-Gillois ont été invaincus pendant 60 matchs entre 1933 et 1935. Il porte d’ailleurs le nom du président du club qui a permis cet exploit, décédé durant cette folle série d’invincibilités. Il a aussi été le gardien de ce passé glorieux pendant les périodes plus compliquées du club des années 70 aux années 2010, attendant durant nonante ans un nouveau sacre dans le parc Duden.
Selon les chiffres révélés dans l’étude, un quart des abonnés de l’Union habitent Forest, et près de 40 % vivent dans les communes voisines comme Saint-Gilles, Ixelles ou Uccle. L’Union est un club ancré localement, et ses dirigeants le savent. Un déménagement trop lointain pourrait avoir de lourdes conséquences pour le club.
Des supporters partagés, mais engagés
Dans le second article, les mêmes chercheurs se tournent vers les fans du club, via une enquête en ligne menée auprès de 645 supporters. Les résultats montrent des avis nuancés : oui à un stade plus grand, pour pouvoir accueillir les joutes européennes à domicile, mais non à une perte d’âme ou à une hausse des prix.
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L’accessibilité, notamment en transports en commun, ressort comme un critère essentiel. Résultat : l’extension du stade Marien a les faveurs d’une majorité de répondants, loin devant une construction neuve au Bempt. Mais une chose est claire : les supporters veulent être entendus. Ils souhaitent participer à la discussion sur un projet qui touche non seulement leur club, mais aussi leur quartier, leur ville.
Un dossier profondément symbolique
Au-delà de l’aspect sportif, ce projet soulève des questions plus larges : quelle place pour les grandes enceintes sportives dans une ville dense comme Bruxelles ? Faut-il sacrifier du foncier public pour un stade ? Comment concilier développement urbain, mémoire collective et préservation paysagère ?
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Les auteurs de l’étude appellent à un processus plus participatif, où fans, riverains et citoyens auraient leur mot à dire. Une démarche qui collerait parfaitement à l’image singulière de l’Union Saint-Gilloise, club à part dans le paysage du football belge. Pour l’instant, le match du nouveau stade reste sans vainqueur. Mais le débat, lui, est lancé.
Rémy Rucquoi
■ Interview d’Olivier Paye, chercheur à l’UCLouvain au micro de Fabrice Grosfilley





