La société belge de plus en plus polarisée, s’inquiète Unia dans son rapport annuel
“Importation” des conflits internationaux, homophobie banalisée, populisme en vogue… Face à des discours de plus en plus polarisants dont la diffusion est accélérée par les réseaux sociaux, la société belge se fragmente, s’inquiète Unia dans son rapport annuel, publié mardi.
En 2024, le Centre interfédéral pour l’égalité des chances a reçu plus de 7.500 signalements. L’an dernier, Unia a été alertée en moyenne 20 fois par jour sur de potentiels cas de discrimination, de discours ou délits de haine. Au total, 7 577 signalements lui sont ainsi parvenus (contre 6 706 en 2023 et 7 310 en 2022). Ceux-ci ont mené à l’ouverture de 1 831 dossiers (soit cinq par jour). Unia ouvre un dossier lorsque l’auteur du signalement exprime une demande d’aide ou d’information. La majorité concernait des discriminations à l’emploi (651 dossiers), suivie du domaine des biens et services (468) et de la vie en société (221). De manière générale, le nombre de signalements reçus en 2024 est revenu à un niveau similaire à celui de la période antérieure à 2019, après un pic en 2021.
Toutefois, les signalements multiples sont repartis à la hausse (543 contre 177 en 2023). La majorité (357) de ces alertes individuelles à propos d’un même fait ont concerné des propos tenus par le président du MR Georges-Louis Bouchez sur Radio Judaica. Fin septembre, il avait qualifié de “coup de génie” l’opération israélienne qui a visé des milliers de membres du Hezbollah au Liban via l’explosion de bipeurs. La chronique très controversée de Herman Brusselmans parue l’été dernier dans le magazine Humo a engendré 82 signalements. L’écrivain flamand y affirmait que l’image d’un enfant palestinien hurlant après sa mère enfouie sous des décombres à Gaza, tout en gardant à l’esprit sa compagne et son propre fils, le mettait dans une telle colère qu’il voulait “mettre un couteau sous la gorge de chaque personne juive qu'(il) rencontre”. Ensuite, Unia a reçu 43 signalements émanant de personnes mécontentes de l’ouverture d’un dossier sur ces faits par Unia.
La résurgence du conflit israélo-palestinien, depuis l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 et la réplique dévastatrice du gouvernement israélien dans la bande de Gaza, a alimenté l’antisémitisme en Europe, qui est confrontée à une hausse des actes antijuifs et négationnistes. “La critique d’Israël n’est pas en soi antisémite” mais “appeler à la violence contre les Juifs l’est indubitablement”, rappelle le centre. De même, la communauté musulmane est parfois injustement tenue responsable de l’attaque du Hamas en Israël.
Belga