Journal de campagne : comment certains partis mènent-ils une campagne “souterraine”?
Tous les vendredis, Michel Geyer présente son “Journal de Campagne”. Au programme de ce vendredi : la campagne souterraine de nos partis, qui prend de plus en plus d’ampleur.
Une partie un peu cachée de la course aux électeurs : des messages qui circulent de manière discrète pour gagner des voix. Des visuels souvent très critiques, pas toujours de bonne foi, et qui sont envoyés sur les réseaux sociaux pour toucher des publics ciblés et notamment, la communauté musulmane.
Exemple : une publication montrant quelques visages de candidats MR. Le logo du parti est associé au drapeau israélien, et cette légende : “le MR refuse de reconnaître l’État palestinien. Ce parti peut compter sur nos vendus !”
Des vidéos aussi, dont une, sur base d’images de BX1; sans notre autorisation :
elle concerne l’abattage animal et l’étourdissement obligatoire. La vidéo se termine avec le nom du parti Ecolo et ce message : “Ecolo viendra faire campagne auprès des Musulmans” mais “avec eux c’est la fin pour nos boucheries, nos traditions et nos valeurs”
Une troisième publication vise plusieurs partis, représentés comme autour d’une même table et ce message “TOUS UNIS pour le bien -être animal“et rajouté “contre le halal et le casher”
Nous avons également reçu cette publication, réalisée sur base de coupures de presse et de titres “abattage rituel”- “le PS bloque” – “le PS craignant un débat sur l’abattage rituel, bloque le Code du bien-être animal”. C’est effectivement un dossier qui est resté coincé au gouvernement en fin de législature.
Ce qui est flagrant, dans ces visuels, c’est qu’ils ne figurent pas dans la communication officielle des partis. On ne les voit pas sur leurs réseaux sociaux ou leur site web, pas non plus sur des affiches ou des tracts distribués en public.
Cette manière de faire campagne, en dehors des canaux traditionnels, est-ce que c’est vraiment nouveau ?
Le quotidien La Libre Belgique a mené l’enquête sur cette forme de campagne “sous-marine…”. Il s’avère que cette manière de faire prend une ampleur plus importante que la communication traditionnelle. Le journaliste politique, Adrien de Marneffe a réalisé ce travail : “C’est Ahmed Laaouej et le parti socialiste bruxellois qui n’ont plus la conviction que les médias traditionnels, de type presse écrite, ou télé, vont faire la différence. Ils ont cette volonté de faire une campagne ‘en souterrain’, via les réseaux sociaux, mais surtout via WhatsApp. Ce sont des chaînes de messages qui sont transférées à des élus, qui les transfèrent eux-mêmes à des leaders d’opinion dans des quartiers. Ils le diffusent à une large échelle, aussi via des vidéos Reel, TikTok, Instagram, Facebook. C’est comme ça que se déroule l’essentiel de la campagne et aussi sur le terrain, ça, ce n’est pas neuf“, explique le journaliste.
Selon Adrien de Marneffe, “cela inquiète les autres partis” : “La différence avec les médias traditionnels, ou même que les réseaux sociaux, c’est que vous ne pouvez pas répliquer. Si on dit quelque chose sur vous sur une chaîne de messages WhatsApp, vous n’avez pas forcément connaissance de ce qui a été dit. Vous ne pouvez pas vous défendre”, justifie-t-il.
Précision toutefois, le journaliste cite Ahmed Laaouej et le parti socialiste, mais dans son enquête, il constate et écrit que d’autres partis ont aussi des visuels ciblés. Ceux que nous vous avons présentés, on n’en connaît pas officiellement l’origine.
A Bruxelles, en tout cas, cette méthode de communication prend une ampleur inédite.
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■ Les explications de Michel Geyer dans le 18h