Violences dans le milieu de la drogue : “La guerre de territoire a toujours existé. Mais les sommes en jeu sont plus importantes”
Ces derniers jours, plusieurs fusillades ont éclaté dans les rues de la capitale.
Les politiques réfléchissent à des solutions pour lutter contre l’explosion des violences liées au milieu de la drogue à Bruxelles.
Vervoort pas convaincu par l’idée d’un commissaire régional
L’idée de la Vice-présidente de Groen de confier à un commissaire régional la lutte contre le trafic de drogue et les faits de violence qui y sont liés à Bruxelles ne convainc pas le ministre-président bruxellois Rudi Vervoort.(PS). Celui-ci l’a laissé entendre mercredi, durant, et en marge d’une rencontre avec quelques journalistes.
A cette occasion, le ministre-président bruxellois a rappelé qu’un magistrat national était en charge de coordonner la lutte contre ce fléau de portée internationale.
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La coprésidente de Groen, la Bruxelloise Nadia Naji, avait auparavant exprimé son souhait de la nomination d’un commissaire régional à la lutte contre la drogue à Bruxelles en raison de la persistance de problèmes dans certains quartiers de la capitale. Celle-ci demande que le problème soit abordé de manière structurelle, ce qui nécessite une coordination au niveau régional.
Toutefois, Mme Naji ne pense pas que cela soit suffisant pour éliminer le problème. On ne pourra, selon elle, réussir que si l’on travaille également au renforcement de la police bruxelloise, de la police fédérale et du parquet.
Pour Rudi Vervoort, le problème réside une fois de plus, d’abord dans le manque d’effectifs policiers, comme l’a relevé récemment le chef de la zone de police de Bruxelles-midi.
“L’idée de régionaliser la problématique de la gestion de la lutte contre le trafic de drogue via la fonction de coordination est très périlleuse”, a-t-il ajouté.
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Que ce soit à travers une fonction de commissaire régional ou celle confiée au ministre-président en matière de coordination policière, “dire que l’on va tout résoudre avec des super pouvoirs” bute sur les textes de loi. Ceux relatifs à sa propre fonction de coordination, créée en réponse aux aspirations de certains à une fusion des zones de police, sont très limités, a-t-il expliqué.
Rudi Vervoort a également rappelé qu’en charge de la coordination des zones de police dans les moments de crise, il avait les mêmes pouvoirs que les bourgmestres en matière administrative, mais pas judiciaire.
Pour lui, il y a plus fondamentalement, d’abord un problème de recrutement policier lié à la norme KUL qui ne prend notamment pas en compte de la présence quotidienne de 300.000 navetteurs à Bruxelles.
“Il faut une réponse à la hauteur des actes de violence à travers une présence policière massive, même s’il n’y a pas de ‘non go zone’. Les points chauds sont toujours les mêmes. Ce qui a changé, c’est le nombre d’infractions commises et l’augmentation de la violence. La guerre de territoire a toujours existé. Mais les sommes en jeu sont beaucoup plus importantes“, a-t-il encore dit.
La mafia de la drogue est “nerveuse” car “cernée
“Lorsque la mafia de la drogue est acculée, elle devient nerveuse. C’est ce à quoi nous assistons“, a déclaré mercredi soir le ministre de la Justice, Paul Van Tigchelt, après de nouveaux épisodes de violences dans le milieu des stupéfiants à Bruxelles. “J’ai toujours dit que les choses allaient empirer avant de s’améliorer“, a-t-il dit sur le plateau de la VRT.
Le vice-Premier ministre Open VLD était interrogé après que deux fusillades ont frappé la capitale dans la nuit de mardi à mercredi, faisant un mort, et poussant le bourgmestre de Saint-Gilles, Jean Spinette, à lancer un cri d’alarme face à des quartiers “pris en otages” par le narco-trafic.
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“Il semble qu’un réseau extrêmement violent, que nous pouvons relier au Peterbos, tente de dominer le commerce de la drogue. Il semble également que ce réseau ait été infiltré par la mafia marseillaise“, a déclaré M. Van Tigchelt.
Le ministre a souligné que le gouvernement prenait le trafic de drogue et l’escalade de la violence à bras le corps, appuyant ses propos par une hausse des personnes en détention notamment.
Il a également appelé à investir davantage dans l’emploi, l’éducation et l’infrastructure au sein de la cité du Peterbos, victime d’un désintérêt public.
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Le ministre a dit miser sur un rapport d’analyse criminelle au niveau européen qui doit être fourni prochainement par Europol. “Lorsque nous aurons une image de ‘qui est qui’, nous pourrons mieux nous attaquer au problème.”
Un État faible
Interrogé sur la même problématique par la chaîne RTL-TVI, le président de Défi, François De Smet, a appelé à des investissements massifs dans la police spécialisée et la lutte contre le blanchiment d’argent pour “frapper où ça fait mal” les réseaux de trafiquants. Il a estimé que la Belgique, considérée par les narco-trafiquants comme un état faible, était un “oiseau pour le chat“.
◼︎ Explications de Camille Paillaud dans Bonjour Bruxelles
Belga – Photo : BX1