Passation de pouvoir à la tête du groupe Colruyt : quel avenir pour l’entreprise ?
Le CEO Jef Colruyt a annoncé ce mardi qu’il allait passer la main à Stefan Goethaert, l’actuel directeur des opérations du groupe. Un changement inédit pour cette entreprise.
Il s’agit du premier transfert de pouvoir en dehors du cercle familial. Jef Colruyt a succédé il y a une trentaine d’années à son père Jo, qui lui-même avait succédé à son père Franz Colruyt, le fondateur du groupe en 1950.
Le successeur de Jef Colruyt est Stefan Goethaert, l’actuel directeur des opérations du groupe. Il travaille dans l’entreprise depuis 10 ans. Il prendra ses nouvelles fonctions à partir du 1er juillet. Jef Colruyt restera lui président du conseil d’administration de Colruyt Group.
Ce que l’on peut retenir du mandat du CEO sortant, c’est la transformation de Colruyt d’une entreprise familiale à une famille de plusieurs entreprises, que ce soit dans l’alimentaire, le non-alimentaire, l’énergie et même dans les biotechs.
Changement de direction, changement de stratégie ?
Le futur du groupe reste assez flou. Mais ce que l’on sait déjà, c’est qu’il a décidé depuis un certain temps de recentrer ses activités, en délaissant notamment ses activités énergétiques qui nécessitent beaucoup de capitaux pour réinvestir dans la grande distribution, son métier de base.
Autre changement qui s’inscrit dans cette idée de recentralisation des activités du groupe, c’est la restructuration de ses deux chaînes Dreamland et Dreambaby, spécialisées dans les jouets et les équipements pour bébé. Alors que Colruyt avait initialement annoncé la fermeture d’un des 48 magasins Dreamland et de cinq des 32 magasins Dreambaby provoquant le licenciement de 192 personnes, nous apprenons aujourd’hui que 151 emplois sont finalement concernés.
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Ce changement de direction pourrait également entraîner un nouveau souffle pour l’entreprise. Depuis 2019, son cours de bourse a été divisé par plus que deux en raison de marges mises sous très forte pression, notamment sous l’effet de la montée en puissance de hard discounters comme Lidl et Aldi et suite aux crises successives. La mission du nouveau CEO sera de réussir à maintenir une stratégie à bas prix malgré l’inflation.
La menace Delhaize
Avec sa volonté de faire passer tous ces magasins sous franchise, Delhaize a ouvert la boîte de Pandore dans le secteur de la grande distribution.
Le groupe Colruyt – qui détient quelques magasins franchisés, mais repose encore majoritairement sur le modèle intégré – s’inquiète de cette situation et dénonce une concurrence déloyale, notamment au niveau des coûts salariaux. Pour éviter cela, le groupe plaide pour une réforme, en profondeur, du secteur de la grande distribution.
Des négociations sectorielles sont en cours afin d’harmoniser ce secteur.