Pour une ex-compagne d’Ali El Haddad Asufi, l’accusé n’avait pas le profil d’un terroriste. Avec bonne humeur, elle a décrit lundi une personnalité pleine d’humour et fidèle à ses amis, devant la cour d’assises de Bruxelles chargée de juger les attentats du 22 mars 2016.
Les deux jeunes gens, qui n’avaient pas 20 ans au début de leur relation, sont restés “plusieurs années” ensemble. “Ça s’est super bien passé entre nous, c’est quelqu’un de drôle et de très gentil. On a même fini en bons termes. “On a pris des nouvelles quelques fois sur Facebook“, a-t-elle ajouté, précisant qu’elle avait vu l’accusé pour la dernière fois avant son arrestation, “vers 2014-2015”.
Questionnée sur la fin de leur relation, la jeune femme a écarté toute influence religieuse. “Ça s’est fini parce qu’on n’était plus sur la même longueur d’onde“, a-t-elle expliqué, précisant qu’elle avait vu l’accusé pour la dernière fois avant son arrestation. “Il vous a parlé de son arrestation ?“, lui a demandé la présidente. “Il m’a dit : ‘tu n’as pas vu infos ? On m’a arrêté’. Et qu’on l’accusait de terrorisme mais qu’on l’avait relaxé parce qu’il n’avait rien à voir dans cette histoire (…) et que même sa sœur était dans métro ce jour-là. Il m’a dit qu’il n’était pas assez fou pour envoyer sa sœur dans le métro en sachant ce qui allait se passer.“
La jeune femme n’a remarqué aucun changement dans le comportement de son ex-compagnon. “C’était toujours le même. Je pense personnellement qu’il est innocent“, a-t-elle souligné, ajoutant que c’était toutefois à la cour d’en juger. “Pour vous, il n’a pas le profil ?“, s’est enquise la présidente. “Vraiment pas !“.
Quant au kamikaze Ibrahim El Bakraoui, qui a déclenché sa bombe à 07h58 à l’aéroport de Zaventem le matin des attaques, Ali El Haddad Asufi allait le voir en prison car c’était son meilleur ami. “Lui, quand il a des amis, il ne les lâche pas, même en prison“, a-t-elle conclu.
À un juré qui lui demandait si le Belgo-Marocain trempait dans un quelconque trafic, la témoin a haussé les épaules. “Il fumait à l’époque. Je ne pense pas qu’il ait été impliqué dans un gros trafic, peut-être qu’il dépannait à gauche à droite.”
La défense a ensuite abordé un voyage au Danemark, où le couple s’est rendu en voiture et lors duquel l’accusé aurait parlé à des inconnus, sortant “des sacs” du véhicule. La trentenaire a confirmé ces éléments, hormis la question des sacs. “Dommage“, a murmuré Me Jonathan De Taye
Après le départ de la témoin, le pénaliste a assuré qu’il dévoilerait en plaidoirie ce qui sous-tendait ses questions sur cette escapade nordique. “Notez simplement que mon client n’y va pas en avion mais en voiture, et qu’il parle avec des gens“, a-t-il lancé à l’adresse du jury. Ali El Haddad Asufi “allait peut-être prendre du bon temps avec sa petite copine au Danemark, mais pas que“, a-t-il laissé en suspens.
13h53 – L’ex-fiancée de Mohamed Abrini ne viendra finalement pas témoigner
L’ex-fiancée de l’accusé Mohamed Abrini ne viendra finalement pas témoigner devant la cour d’assises de Bruxelles chargée du procès des attentats du 22 mars 2016. Prévue pour l’audience de mercredi dernier, la témoin avait déposé un certificat médical pour justifier son absence.
Les parties civiles et le ministère public avaient toutefois refusé de renoncer à son témoignage et la cour avait alors annoncé qu’elle déciderait lundi s’il y avait lieu d’émettre un mandat d’amener à son encontre. Les parties civiles et le parquet ont finalement fait marche arrière, renonçant à entendre la jeune femme.
Mohamed Abrini et la témoin étaient en couple depuis 2007 et devaient se marier en février 2016. L’accusé a toutefois disparu de la circulation le soir des attentats de Paris. Le 31 mars 2016, alors qu’il était en fuite après les attentats en Belgique, il a rencontré son ex-fiancée dans un parc par le truchement d’une tierce personne. Celle-ci lui aurait alors conseillé de se rendre à la police.
L’homme au chapeau avait souligné qu’il ne préférerait pas voir son ex-fiancée venir témoigner. “Elle a traversé des choses très difficiles. Je sais qu’elle ne va pas bien mentalement. C’est compliqué. Nous avions prévu de nous marier et son monde s’est effondré“, avait expliqué Mohamed Abrini avant d’ajouter que son ex-fiancée s’était mariée par la suite et que son époux était décédé. “Elle est déprimée et a beaucoup de problèmes de santé.”
L’accusé avait également affirmé savoir pourquoi le ministère public tenait tant à ce que la jeune femme témoigne. “Pour les messages. Vous pouvez en parler, mais je ne pense pas que son témoignage changera quoi que ce soit.” L’homme semblait faire ainsi référence à des messages datant de 2014 et dans lesquels il se radicalise de plus en plus, selon l’acte d’accusation.